sâmbătă, 29 mai 2021

Soljenitîn / FAYARD

Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne ou Soljénitsyne (en russe: Александр Исаевич Солженицын), né le 28 novembre 1918 (11 décembre 1918 dans le calendrier grégorien) à Kislovodsk et mort le 3 août 2008 à Moscou, est un écrivain russe et un des plus célèbres dissidents du régime soviétique durant les années 1970 et 1980.

Alexandre Soljenitsyne, Oeuvres complètes, FAYARD


 

Oeuvres complètes, Alexandre Soljénitsyne, tome I

Alexandre Isaievitch Soljénitsyne, Le premier Cercle,  Paru en avril 1982 Roman (broché)

Roman commencé en relégation, à Kok-Térek (Kazakhstan du Sud) en 1955. La première version (96 chapitres) fut achevée dans le village de Miltsevo (région de Vladimir) en 1957, la deuxième et la troisième à Riazan en 1958 (toutes versions détruites par la suite pour raisons de sécurité). En 1962, quatrième version, que l'auteur jugeait définitive. En 1963, toutefois, après la publication d'Une journée d'Ivan Denissovith dans Novy Mir, on pensa à l'éventualité d'une publication fragmentaire, quelques chapitres furent extraits du livre et proposés à A. Tvardovski. Ce projet aboutit à débiter le roman en chapitres, à exclure ceux qui demeuraient impubliables et à désamorcer politiquement tous les autres, ce qui revenait à élaborer une nouvelle version (la cinquième, 87 chapitres) où l'essentiel du sujet était altéré: au lieu d'être, comme ç'avait été le cas, " atomique ", il mettait en scène un thème soviétique fort courant à l'époque: la " trahison " d'un médecin qui faisait passer un médicament à l'Ouest

C'est sous cette forme qu'il fut examiné et accepté par Novy Mir en juin 1964, mais les tentatives de publication tournèrent court. Durant l'été 1964 fut esquissé un nouveau projet, de sens contraire, tendant à creuser et à rendre plus percutante la version de 87 chapitres (ce fut la sixième version). En automne, une photographie de cette version fut expédiée à l'Ouest. En septembre 1965, les exemplaires de la version " avouable " (la cinquième) furent saisis par le KGB, ce qui bloqua définitivement la publication du roman en U.R.S.S. En 1967, cette version fut largement diffusée par le Samizdat. Dans sa sixième version, le roman fut publié en 1968 par la maison américaine Harper and Row (et c'est d'après ce texte que furent faites toutes les traductions).

En été 1968 apparut une septième version: texte complet et définitif du roman (96 chapitres). Ce texte n'a jamais circulé en Samizdat ni jamais été édité séparément. Il paraît pour la première fois dans l'édition de ces OEuvres.

La " charachka " de Marfino et presque tous ses habitants ont été peints d'après nature.

Oeuvres complètes, tome II

Alexandre Isaievitch Soljénitsyne, Le pavillon des cancéreux, Une journée d'Ivan Denissovitch, et autres récits. Paru en novembre 1982

Conçu en 1955 à Tachkent au moment où Alexandre Soljénitsyne quittait lui-même le "pavillon des cancéreux" où il était soigné, le grand récit qui porte ce titre ne fut rédigé que dix ans plus tard. D'abord refusée par la revue Novy mir, puis acceptée mais non publiée - l'"ouverture krouchtchévienne" était déjà un chapitre pratiquement clos-, l'œuvre est diffusée clandestinement en samizdat et émigre tant bien que mal en Occident, dans des versions parfois tronquées ou fautives. La version définitive publiée ici est la première à avoir été vérifiée par l'auteur.

C'est au camp spécial d'Ekibastouz que Soljénitsyne a l'idée, en 1950-51, d'un récit intitulé d'abord CH-854, une journée d'un zek, qui deviendra Une journée d'Ivan Dénissovitch et dont la rédaction - retardée par d'autres travaux, notamment sur l'Archipel du Goulag et Août 14 - n'est menée à bien qu'en 1959. L'œuvre, quelque peu édulcorée, est communiquée en 1961 à Novy mir et la publication décidée par le Politburo du parti communiste d'URSS sur intervention personnelle de Krouchtchev. Toutes les éditions de l'œuvre furent détruites dans les bibliothèques publiques en 1971-72. La première édition non mutilée a vu le jour à Paris en 1973.

Dans ce registre des "formes littéraires brèves" inspirées par la vie même de Soljénitsyne, par des personnages de rencontre ou des scènes auxquelles il a assisté, se trouvent également réunis dans le présent volume : La maison de Matriona (publiée dans Novy mir en 1963 et éditée ici dans une traduction nouvelle), les Etudes et Miniatures (dont la rédaction s'échelonna de 1958 à 1960, à l'époque où Soljénitsyne put explorer à bicyclette la Russie centrale), La Main droite (composée en 1960 et refusée par les revues soviétiques), Un incident à la gare de Kotchétovka (publié en extraits dans la Pravda en 1962, puis dans Novy mir), Pour le bien de la cause (publié en 1963 dans Novy mir), Zacharie l'Escarcelle (écrit en 1965, retenu puis refusé par les Izvestia, mais publié en 1966 dans Novy mir), la Procession pascale (diffusé seulement en samizdat) et un court récit intitulé Quel dommage !, écrit en 1965, totalement inédit et publié ici pour la première fois.

Oeuvres complètes, tome III

Alexandre Isaievitch Soljénitsyne, Oeuvres dramatiques, Paru en avril 1986

RÉSUMÉ

Ce troisième volume des oeuvres d'Alexandre Soljénitsyne, consacré à ses pièces de théâtre et à ses scénarios, s'ouvre par un ensemble intitulé L'Année 1945, comprenant trois oeuvres: le Festin des Vainqueurs (inédite, composée de mémoire au camp d'Ekibastouz en 1951, transcrite en 1953, découverte et confisquée par le KGB en 1965, date à laquelle le Comité central du Parti communiste en fit une édition à tirage limité, destinée à la " nomenklatura " et visant à " démasquer " son auteur); Les Prisonniers (inédite et elle aussi composée de mémoire au camp, transcrite en relégation et dissimulée, elle échappa au KGB et ne circula jamais en samizdat; cette pièce utilise notamment les impressions personnelles de l'auteur face aux services de contre-espionnage de l'armée, le SMERCH, en février 1945); La République du Travail (rédigée en 1954, " allégée " du point de vue de la censure en 1962, alors qu'Une journée d'Ivan Denissovitch venait de paraître officiellement et où une mise en scène au théâtre " Le Contemporain " de Moscou semblait envisagée, la pièce fut finalement interdite et passa sous forme écourtée dans le samizdat, puis en Occident sous le titre Le " Cerf " et la putain du bagne ou La Fille d'amour et l'innocent.

A ces trois pièces dont l'action est contemporaine de la propre arrestation de l'auteur (commandant de batterie en Prusse, il fut arrêté en février 1945 et interné au " centre carcéral " de la Barrière de Kalouga à Moscou) s'ajoute Flamme au Vent, conçue et réalisée en 1960, évocation des tares communes à notre monde civilisé sans distinction entre pays de l'Est et Occident. Cette universalité de la critique n'empêcha pas l'oeuvre d'être censurée aussi bien dans Novy Mir que dans les différents théâtres où elle devait être mise en scène. Passée dans le samizdat puis en Occident, elle a été interprétée depuis lors dans plusieurs pays, notamment en France à la télévision.

Le scénario Les Tanks connaissent la vérité emprunte à l'histoire des révoltes qui eurent lieu dans deux camps soviétiques: Ekibastouz en 1951-52 (où séjourna l'auteur), Kenguir en juin 1954; écrit à Riazan en 1959, il n'a encore jamais été porté à l'écran. Il en est de même du Parasite (inédit en français), écrit sur commande des studios " Mosfilm " en 1968 mais aussitôt refusé.

Oeuvres complètes, tome 4 - L'Archipel du Goulag (1)

Alexandre Isaievitch Soljénitsyne (Auteur) Oeuvres complètes Tome 4 1ère partie Tome 1 Paru en décembre 1991 Roman (broché)

RÉSUMÉ

Un livre de combat, qui a ébranlé les fondements du totalitarisme communiste et qui brûle encore les mains.

Ecrit de 1958 à 1967 dans la clandestinité, par fragments dissimulés dans des endroits différents, il a été activement recherché, et finalement découvert et saisi par le KGB en septembre 1973. Aussitôt, le premier tome a été publié d'urgence en Occident, la pression de l'opinion publique des pays libres étant la seule force capable de sauver l'auteur et tous ceux qui l'avaient aidé. Arrêté en février 1974, Soljénitsyne fut inculpé de trahison, puis, par décret du Présidium du Soviet suprême, déchu de la nationalité soviétique et expulsé d'URSS. Jusqu'à sa publication partielle par la revue Novy mir en 1990, l'Archipel ne sera lu en URSS que clandestinement, par la partie la plus courageuse de l'intelligentsia. Mais, en Occident, il sera répandu à des millions d'exemplaires et provoquera une mise en cause radicale de l'idéologie communiste.

Toute sa puissance d'évocation, son éloquence tumultueuse, tantôt grave et tantôt sarcastique, l'auteur les prête aux 227 personnes qui lui ont fourni leur témoignage, et à tous ceux " auxquels la vie a manqué pour raconter ces choses ". Là où rien n'est parvenu jusqu'à nous, " car l'Archipel est une terre sans écriture, dont la tradition orale s'interrompt avec la mort des indigènes ", il nous fait sentir le poids du silence et de l'oubli.

La première partie, " L'industrie pénitentiaire ", explique comment la machine vous happe et vous transforme en " zek ". Aux sources de la terreur, elle montre Lénine. Elle dresse la liste des " flots ", grands et petits, qui se sont déversés sur l'Archipel. En étudiant l'évolution de la mécanique judiciaire, elle explique les grands procès staliniens.

La deuxième partie, " Le mouvement perpétuel ", montre, à toute heure du jour et de la nuit, des convois de condamnés acheminés vers les camps: en fourgons automobiles, en " wagons-zaks " et wagons à bestiaux, en barges sur les fleuves, en colonnes de piétons dans la neige. Chaque mode de transfert engendre une torture propre, mais certains permettent d'étonnantes rencontres.

Le présent volume correspond à l'édition définitive du tome 1 de l'Archipel du Goulag publiée en russe par YMCA-Press en 1980. L'auteur a apporté bien plus que des modifications de détail à son texte de 1973. D'autre part, la traduction française parue en 1974 se ressentait de la hâte avec laquelle elle avait dû être exécutée. Le texte en a donc été revu avec tout le soin possible.

 

Oeuvres complètes tome 5 - L'Archipel du Goulag (2)

Alexandre Isaievitch Soljénitsyne (Auteur) Tome II Tome 2 Paru en janvier 2011 Roman (broché)

RÉSUMÉ

La grande œuvre écrite au nom de ceux qui n’ont pas pu parler : en voici le centre, avec ses deux noyaux , le matériel et le spirituel.

L’extermination par le travail, troisième partie, montre la naissance et la croissance de l’Archipel, depuis l’improvisation des îles Solovki jusqu’au gigantesque réseau strictement organisé qui fournit la main-d’œuvre réclamée par les grands chantiers du socialisme. Canal de la mer Blanche, canal de la Volga, et puis, partout, voies ferrées, exploitation des mines et des forêts, construction d’immeubles ou de villes entières… Rapidement usée par des normes de travail épuisantes et une nourriture attribuée en fonction du rendement, sa population est constamment renouvelée par des arrestations massives planifiées à l’avance.

Comment survivre ? En bluffant, en trichant, en bidonnant : partout, du bas en haut de l’échelle, on fait état d’une production imaginaire. L’auteur dissèque avec entrain l’un de ces systèmes de fraude salvatrice.

L’Archipel est un monde à part, avec ses hiérarchies, ses lois, ses coutumes et sa langue. A sa manière rapide et compacte, l’auteur nous en fait voir, sentir, entendre la réalité vivante. Sa grande prose souple et frémissante sait tout montrer, tout éclairer.

Elle sait aussi poser avec gravité la question fondamentale : que devient l’homme happé par l’Archipel, que devient le pays porteur d’une telle tumeur maligne ? La quatrième partie, L’âme et les barbelés, distingue la prison purificatrice et le camp facilement corrupteur, puis analyse les différents poisons sécrétés par l’Archipel qui contaminent l’ensemble de la société. Alexandre Soljénitsyne se montre lui-même tel qu’il a été en liberté, en prison, au camp, et il se juge.

A tous ceux qui ont connu la captivité et à tous ceux qui s’interrogent sur le sens de la vie humaine, ce livre propose une nourriture forte, pénétrée d’espoir et adaptée à notre temps.

Edition nouvelle revue et augmentée par l’auteur.

Oeuvres complètes tome 6 - L'Archipel du Goulag (3)

Alexandre Isaievitch Soljénitsyne (Auteur), Oeuvres complètes, Tome 6. Paru le 13 mars 2013

RÉSUMÉ

Nous sommes, pour commencer cet ultime volume de L’Archipel du Goulag, dans les Camps spéciaux créés par Staline en 1948 pour y concentrer les « traîtres » de tout poil, le bagne. Mais c’est justement là, dans ce dernier cercle de l’Archipel, que renaissent la dignité et la solidarité, que la résistance s’organise et la révolte éclate. On prépare de grandioses évasions collectives, on fait grève, on se rebelle ouvertement.

Vont suivre la relégation ou exil intérieur. Celui-ci a deux faces, l’une féroce, l’autre douce, et c’est d’abord la première que des pages vibrantes de passion tentent d’arracher à l’oubli : quinze millions de paysans exterminés sans bruit, par déportation de familles et villages entiers dans des lieux mortifères. – Et le même exil massif et impitoyable a frappé ensuite, au début ou à la fin de la guerre, les minorités nationales : déportées massivement en Asie centrale ou en Sibérie.

Après tant de pages tragiques, écrites au nom de ceux qui ne pourront jamais témoigner, voici le sourire de « la bonne petite vie de relégué », à la sortie du camp. Dans un chef-lieu de rayon perdu dans le sud du Kazakhstan, l’auteur retrouve avec jubilation –en mars 1953, deux jours avant la mort de Staline – les plus simples bonheurs de la vie et la possibilité d’écrire.

Staline n’est plus. Soljénitsyne est intervenu en vain pour tenter d’améliorer le sort des prisonniers. Lorsqu’il termine son ouvrage, en 1967, il est convaincu que, faute d’une remise en cause fondamentale du système, d’une condamnation des bourreaux et d’un changement de personnel,

« l’Archipel a été, l’Archipel est, l’Archipel sera ! »

Edition nouvelle revue et augmentée par l’auteur

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12 juin 2007, au centre Natalya, l'épouse d'Alexander Soljenitsyne, entourée de ses fils Stepan (g) et Yermolai (d)


“Quelqu'un que vous avez privé de tout n'est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre.” (A.S.)

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Biographie de l'auteur

Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) est un écrivain russe. Diplômé de mathématiques, de physique et de philosophie, il enseigne près de Rostov avant d'être mobilisé en 1940. Simple soldat, il est admis dans une école d'officier et envoyé, en 1942, sur le front de Prusse-Orientale. Promu capitaine en 1944, il est arrêté un an plus tard pour avoir critiqué Staline dans sa correspondance. Incarcéré puis envoyé au Goulag, il y est détenu pendant huit ans. À sa libération", il est sommé de ne pas quitter un village du Kazakhstan, où il enseigne les mathématiques, tout en se consacrant à l'écriture. En 1956, il est réhabilité et s'établit à Riazan, où il doit cependant dissimuler ses écrits. En 1962, Khrouchtchev autorise la parution, dans la revue Novy mir, d'Une journée d'Ivan Denissovitch, un ouvrage renouant avec la tradition du roman russe qui dépeint la vie au Goulag. Devenu mondialement célèbre, il voit ses écrits interdits en URSS et entreprend secrètement la rédaction de l'Archipel du Goulag, où sont dévoilées les réalités du régime soviétique et de son système concentrationnaire. Ses écrits, critiques du gouvernement, qu'il fait publier à l'étranger lui valent d'être arrêté une seconde fois, en 1974. Déchu de la nationalité russe, il est contraint de s'exiler avec sa famille et se réfugie à Zurich, puis aux États-Unis, où il poursuit son oeuvre. En 1994, il peut enfin réintégrer son pays après vingt ans d'exil. En 2007, il reçoit le prix d'État russe des mains de Vladimir Poutine. Il meurt à Moscou en 2008.Lauréat du prix Nobel de littérature en 1970, Alexandre Soljenitsyne est l'auteur d'une oeuvre considérable. Il a notamment publié Les tanks connaissent la vérité (Fayard, 1982), La Roue rouge (4 vol., Fayard, 1983-2009), Comment réaménager notre Russie : Réflexions dans la mesure de mes forces (Fayard, 1990), L'Archipel du Goulag (Fayard, 3 vol., 1991-2013), Les Invisibles (Fayard, 1992),  Le «Problème russe» à la fin du XXe siècle (Fayard, 1994), Le Grain tombé entre les meules (2 vol., Fayard, 1998-2003), La Russie sous l'avalanche (Fayard, 1998), Deux récits de guerre (Fayard, 2000), Deux siècles ensemble (2 vol., Fayard, 2002-2003), Études et Miniatures (Fayard, 2004), La Maison de Matriona, suivi de Incident à la gare de Kotchétovka (Fayard, 2007), Le Pavillon des cancéreux (Fayard, 2007), Le Premier Cercle (Fayard, 2007), Une journée d'Ivan Denissovitch (Fayard, 2007), Zaccharie l'Escarcelle et autres récits (Fayard, 2008).Six volumes de ses Oeuvres complètes sont déjà parus chez Fayard.

vineri, 28 mai 2021

tara fericirii

 























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Alexandre Soljenitsyne : sept vies en un siècle

Alexandre Soljenitsyne : sept vies en un siècle


 

Solin, 2011
Description


Cette biographie a un parti pris : s'appuyant sur un corpus de plus de 15 000 pages, depuis Une journée d'Ivan Denissovitch, L'Archipel du Goulag jusqu'à La Roue rouge , elle laisse l'écrivain évoquer lui-même les étapes d'une vie qui couvre tout le siècle passé.

Sept vies au total. Ce fut tout d'abord sa jeunesse dans la Russie stalinienne, avec déjà la passion de l'écriture, puis la terrible guerre contre les Allemands. Vint ensuite le Goulag, dont il fut huit ans le prisonnier, puis le conteur et le grand mémorialiste. Il devait connaître la terrible vie de l'écrivain clandestin et du cancéreux échappant de justesse à la mort - puis celle de l'écrivain porté aux nues par les autorités avant d'être obligé de mener dans la dissidence, souvent aux côtés de Sakharov, un combat dangereux et épuisant pendant onze années. Vint ensuite l'exil en Occident où il conforta, envers et contre tout, sa vision de l'homme, du monde et de l'histoire. En parallèle, il continuait sa longue recherche sur les causes des malheurs de sa patrie, notamment avec La Roue rouge. Ce fut enfin, comme il l'avait prévu, le retour au pays, rendu possible grâce aux bouleversements planétaires auxquels il avait contribué. Puis la mort sur cette terre russe qu'il aimait tant...

Cette biographie se veut aussi une "histoire française", car plus que partout ailleurs les écrits de Soljenitsyne ont contribué ici à la faillite de l'idéologie communiste. Olivier Rolin résume très bien cette particularité : "Pour moi, le «Goulag» est une des grandes bornes tragiques du XXe siècle. Même si je suis français, c'est mon histoire..."

A quoi on ajoutera cette réponse de Bernard Pivot, questionné sur l'invité d'Apostrophés qui l'avait le plus impressionné : "Soljenitsyne - j'ai le souvenir d'un géant."

Un Victor Hugo qui aurait connu le bagne !

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L'affaire Soljenitsyne

L'affaire Soljenitsyne


Paris, éditions de L'Herne, 1995



L'affaire Soljenitsyne

L’affaire Soljenitsyne rassemble l’ensemble des documents officiels concernant l’exclusion de Soljenitsyne de l’Union des écrivains soviétiques en 1969. Depuis la soumission de son manuscrit Le Pavillon des cancéreux à la section de prose de l’Union des écrivains soviétiques, jusqu’à son exclusion finale à la suite de sa fameuse lettre de protestation qui fit le tour du monde, chaque débat est minutieusement rapporté et jette un regard précieux sur l’esprit qui régnait alors autour de Soljenitsyne dans l’ex-Union Soviétique.


Soljenitsyne : 10 ans après sa mort les jeunes Russes l'ont un peu oublié

Alexandre Soljenitsyne, l'un des plus célèbres écrivains du XXe siècle et symbole de l'opposition au régime soviétique dans les années 70, apparaît quelque peu oublié par les jeunes Russes, dix ans après sa mort.
Article rédigé par
franceinfo Culture (avec AFP) - franceinfo
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Publié Mis à jour 
 Temps de lecture : 3 min.
Alexandre Soljenitsyne (1994)
 (STEVE ROSE / AFP)

Une autre génération

"Soljenitsyne, c'est un dissident, quelqu'un qui s'est opposé au régime soviétique, et un grand écrivain", résume Sania Poliakovski, 23 ans, étudiant en relations internationales à Moscou... tout en reconnaissant n'avoir rien lu de l'auteur, mort le 3 août 2008. "On nous en a parlé un peu au lycée, en cours de littérature et en cours d'histoire. Mais je n'en ai pas gardé beaucoup de souvenir", reconnaît le jeune homme.

Laissant entendre, comme beaucoup d'autres jeunes de son âge, que les enseignants ne s'attardent guère sur l'œuvre de Soljenitsyne, Sania précise: "C'est ma mère qui m'a expliqué qu'il s'agit d'un des plus grands écrivains du XXe siècle".

La différence d'intérêt entre les générations est flagrante. Sa mère, Elena, se souvient avec émotion d'avoir découvert un livre de Soljenitsyne caché dans la bibliothèque familiale à l'époque soviétique.

Strict minimum

"J'étais adolescente et mes parents m'avaient bien expliqué qu'il ne fallait dire à personne que nous avions ce livre à la maison. Cela avait le goût du fruit défendu ! Tout cela est une autre époque, que mon fils a du mal à imaginer", raconte-t-elle.

Sania est assez typique d'une jeune génération en Russie qui ne sait pas grand-chose de la période soviétique et ignore à peu près tout de Soljenitsyne, figure majeure de la dissidence en URSS, prix Nobel de littérature en 1970 pour ses romans, et écrivain à la renommée mondiale après la parution en 1973 de "L'Archipel du goulag", œuvre monumentale consacrée aux camps staliniens.

"Dans une classe de 30 étudiants, au maximum deux ou trois ont lu un livre de Soljenitsyne. La plupart ne savent rien de lui", regrette Alexandre Altounian, professeur à la faculté de journalisme de l'Université internationale de Moscou.
(Eiditions du Seuil)
Des œuvres de l'écrivain figurent bien au programme des lycées, mais chaque enseignant décide par lui-même du temps à y consacrer et, faute de temps, leur étude est souvent limitée au strict minimum, reconnaissent plusieurs professeurs du secondaire. Quant aux enseignants qui insistent sur les œuvres de Soljenitsyne, ils le font généralement pour des raisons morales et politiques.

"C'est l'histoire de notre pays !"

"On a vraiment besoin de lire Soljénitsyne aujourd'hui, alors que se multiplient les tentatives de nier les répressions staliniennes, alors que certains affirment qu'il n'y a rien eu de terrible à l'époque", souligne Olga Maïevskaïa, professeure de langue et de littérature russe.

Mme Maïevskaïa consacre plusieurs leçons à des œuvres littéraires de Soljenitsyne comme "La Maison de Matriona" (Edµ. Robert Laffont), et aussi à celles qui portent sur la thématique des camps et des répressions, comme "Une journée d'Ivan Denissovitch" (Ed. Fayard) et "L'Archipel du goulag"(Editions du Seuil).

"Je cite à mes élèves les passages les plus forts de "L'Archipel du goulag". Ce qui est invraisemblable, c'est qu'on ne leur parle pas de ça en cours d'histoire. C'est l'histoire de notre pays ! Il faut qu'ils la connaissent, pour qu'elle ne se reproduise plus", s'indigne Mme Maïevskaïa.
"Une journée d'Ivan Denissovitch" d'Alexandre Soljenitsyne : 1re de couverture
 (Editions Fayard)
Les efforts de cette professeure vont à contre-courant de la tendance dominante qui voit en Russie une réhabilitation rampante de Staline et de toute la période soviétique, parallèlement à une volonté de ne pas insister sur les répressions meurtrières de l'époque communiste, voire de les ignorer.

L'année dernière, un sondage de l'institut VTsIom sur les "idoles russes du XXe siècle", plaçait Alexandre Soljenitsyne en cinquième position, derrière l'acteur et chanteur Vladimir Vyssotski, le premier cosmonaute Iouri Gagarine, le maréchal Guéorgui Joukov, héros de la deuxième guerre mondiale et Staline.