marți, 2 martie 2021

Apaiser Hitler

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(din bara de instrumente : reading view)





Winston Churchill on Neville Chamberlain, shortly after the infamous ‘appeasement’ of Hitler, 29th September 1938, Munich:

“You were given the choice between war and dishonour.  You chose dishonour and you will have war.”

"Ati avut de ales intre dezonoare si razboi. Ati ales dezonoarea, veti avea si razboiul." (W.Churchill)

Tim Bouverie
Apaiser Hitler, Paru le 15/01/2020 chez Flammarion,672 pages, 29,00€


Ils voulaient la paix, ils eurent le déshonneur. Et la guerre
Traduction (Anglais) : Séverine Weiss

Dans les années qui suivirent la Grande Guerre, le désir d’éviter un nouveau conflit fut peut-être le souhait le mieux partagé en Europe. Le « Plus jamais ça ! » résonnerait longtemps dans les oreilles des Européens. Une opinion générale qui allait peser sur l’avenir et serait au cœ ur de la politique d’apaisement voulue par les Anglais.
En reconstituant les tractations qui se jouèrent jour après jour pour « apaiser Hitler », Tim Bouverie fait revivre ici le marché de dupes que le Führer imposa aux Européens dès 1933. Il montre que les situations ne sont jamais inspirées par le seul aveuglement de quelques-uns – quand d’autres avaient immédiatement perçu ce qui allait se jouer – mais le fruit d’une équipe perméable à son époque.
Tour à tour vue de Londres, Paris ou Berlin, cette histoire se trame dans le secret des chancelleries, comme en témoignent de nombreuses archives, désormais accessibles. Sous la plume de Bouverie, le récit se fait haletant jusqu’à la fin. Avec une rare maîtrise, l’auteur retrace la fuite en avant de la politique nazie et les innombrables coups de bluff du Führer, qui ne manqua jamais une occasion de se présenter comme un pacifiste auprès de ses interlocuteurs étrangers.
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Appeasing Hitler: Chamberlain, Churchill and the Road to War, 

Éditeur : Vintage, Broché – 19 mars 2020


Tim Bouverie

Critique

«Apaiser Hitler», la diplomatie du pire

Dans son essai, le journaliste britannique Tim Bouverie détaille les atermoiements des politiciens anglais et français face à la montée du nazisme.
par Olivier Wieviorka
publié le 12 février 2020 à 17h06

La stratégie que Londres et Paris suivirent, jusqu'en 1939, vis-à-vis de l'Allemagne nazie semble à bien des égards incompréhensible. Loin, en effet, d'adopter une politique de fermeté envers un pays encore vacillant, les deux Alliés pratiquèrent l'appeasement, une diplomatie d'abandon inefficace puisqu'elle conjugua aux malheurs de la guerre les fruits amers du déshonneur. Plutôt, cependant, que de flétrir dirigeants français et britanniques, Tim Bouverie, un journaliste, préfère comprendre cet étonnant aveuglement.

De fait, bien des éléments militaient en faveur de la conciliation à l’égard de Berlin. Les peuples, tout d’abord, sortaient juste de la Grande Guerre et refusaient d’imaginer que le carnage, les canons à peine tus, reprenne aussitôt. Le Premier ministre conservateur Stanley Baldwin confessa cyniquement en 1935 que s’il avait combattu pour le réarmement, il aurait perdu les élections législatives. De même, les finances exsangues de la France comme du Royaume-Uni incitaient à faire des économies sur le dos de la Défense, une politique à courte vue qu’il fut impossible de redresser rapidement : à l’automne 1938, la Royal Air Force n’alignait que deux Spitfire en état de combattre. Bien des chefs, par ailleurs, se méprenaient sur la hiérarchie des urgences. Beaucoup refusaient l’alliance avec la rouge Russie, à telle enseigne que lorsque les chancelleries, alertées des manœuvres allemandes, dépêchèrent une délégation en Union soviétique pour négocier une alliance, Londres choisit pour mener ses plénipotentiaires un parfait inconnu et fit embarquer ce petit monde sur un cargo poussif, pour être bien sûr de ne pas se hâter. Staline considéra cette double mesure comme un camouflet - non sans raison. A l’inverse, une part non négligeable de l’élite considérait Herr Hitler comme un personnage d’autant plus fréquentable qu’il avait eu le bon goût de briser le péril communiste. S’ajouta, enfin, une donnée de poids. La nouveauté radicale que le nazisme incarnait ne fut que fort rarement perçue, même si quelques esprits pénétrants, à l’instar du sagace ambassadeur Horace Rumbold, ne nourrissaient aucune illusion sur le monstre dès avril 1933.

Mais le rôle que les egos jouèrent se révèle tout aussi accablant. Arrogant et vaniteux, Neville Chamberlain se faisait fort d’avoir noué une relation particulière avec Adolf Hitler et revint de Munich persuadé qu’il avait sauvé la paix pour son époque. Après la déclaration de guerre de septembre 1939, il caressait encore l’espoir de recoller les morceaux. Sur un registre plus futile, David Lloyd George prit le thé avec le dictateur dans sa retraite du Berghof le 4 septembre 1936, un événement hautement médiatisé : l’ancien Premier ministre brûlait d’apparaître sous le feu des projecteurs ! Ces manifestations pathétiques montrent, à l’envi, que la vanité contribua aussi à égarer les esprits, un constat terrible dont Tim Bouverie est le greffier scrupuleux.https://www.liberation.fr/livres/2020/02/12/apaiser-hitler-la-diplomatie-du-pire_1778174/

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Tim Bouverie, l’auteur d’Apaiser Hitler, est-il un historien ? Ce jeune journaliste britannique de Channel 4, ayant participé à des documentaires historiques tranche en tout cas avec la figure classique de l’historien.  Avec un point de vue essentiellement britannique, Bouverie montre les atermoiements face à la montée du nazisme en Allemagne et face aux provocations de plus en plus osées d’Adolf Hitler. Le style peut agacer certains, et on sent, dans l’écrit, la « patte » du réalisateur TV, sur certains mots, sur certaines formules toutes faites. Comme je l’ai dit, le point de vue est britannique. Le titre original ne trompe pas : Apeasing Hitler, Chamberlain, Churchill and the road to war, traduit en français par le manichéen  Apaiser Hitler, ils voulurent la paix, ils eurent la guerre. Comme si, pour le lecteur français, il y avait eu quelque chose d’écrit, de tautologique dans le déroulement de cette histoire. Des français Bouverie en parle peu, ce n’est pas son propos, et c’est souvent de façon caricaturale et souvent à charge. Ce n’est pas non plus un livre sur Hitler, même si on voit comment ce dernier joue des hésitations de ses adversaires/partenaires avec une habileté surprenante, arrivant à se présenter pendant très longtemps comme un authentique pacifiste. Hitler qui, pour une partie de l’élite britannique, présente aussi l’avantage d’être un anticommuniste déterminé dans un Royaume Uni  ou le stalinisme fait paniquer. Bouverie montre aussi une certaine complaisance de cercles britanniques (le duc de Westminster, Hugh Grosvernor,  notamment) envers Hitler et, surtout, envers les Allemands, jugés plus proches culturellement et même ethniquement des Anglais que les Français et même confortés dans leur désir de remettre en cause le traité de Versailles. A cette ambiance se retrouve aussi le pacifisme ambiant de cette période, et aussi les difficultés économiques liées à la crise de 1930, et ses séquelles, qui pendant longtemps vont peser sur le budget militaire britannique ; empêchant toute éventualité de guerre réelle avec le Reich. « On aurait pu les battre en 1936 » entend-on. Sauf que personne, ou presque, n’avait la volonté de se battre. Une dichotomie se met vite en place dans le livre de Bouverie entre les tenants de l’apaisement (Chamberlain, Halifax, Eden) et ceux qui, dès le début, voient la guerre arriver (Churchill). La fin du livre est une apothéose churchillienne, certes, mais elle montre bien comment Chamberlain a pu se duper lui-même, de part sa propre éducation et sa propre morgue, sur les intentions réelles d’Hitler. Bouverie cherche aussi à remettre en question ici une historiographie récente qui réhabilite Chamberlain, le présentant comme un grand pragmatique et le sauveur de la Nation.

Ce livre est destiné malgré tout aux spécialistes de l’histoire contemporaine britannique. Il reste long à lire, car il est très détaillé (ce qui n’est pas en soi un désavantage) mais on se plait quand même à retrouver, dans beaucoup de citations et de phrases rapportées, cet humour et ce flegme typiquement british qui à fondu comme neige au soleil lors des débats sur le Brexit.

Mathieu Souyris, lycée Pau Sabatier, Carcassonne.

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Apaiser Hitler de Tim Bouverie

Trad. par Séverine Weiss

par Eugène Berg

MAI 2020   

La politique d’apaisement (appeasement) exprime le désir de la Grande-Bretagne et, à un moindre titre, de la France, dans les années qui suivirent la Grande Guerre, d’éviter un nouveau conflit : elle fut le souhait le mieux partagé en Europe. C’est sur ce sentiment que s’appuyaient les dirigeants des vieilles démocraties, en fermant les yeux sur les multiples signes du réarmement allemand, apparus sitôt le Führer devenu chancelier. Le « Plus jamais ça ! » et la « der des der » résonneront fortement et longtemps dans les oreilles des Européens : une opinion générale, puissamment relayée par les associations d’anciens combattants, qu’Adolf Hitler se complaisait à endormir sur ses réelles intentions, déclarant sournoisement ne vouloir qu’obtenir la parité avec les autres puissances européennes.

L’étude serrée de Tim Bouverie, diplômé d’Oxford, auteur de documentaires historiques et politiques, porte essentiellement sur la classe politique britannique, bien que les figures d’Édouard Daladier ou de son ministre des Affaires étrangères Georges Bonnet apparaissent de-ci de-là. Sans entrer dans le détail des événements, émaillés de nombreuses intrigues, disons que la politique du Cabinet de Londres ne fut qu’une suite de renoncements. En 1935, il adresse quelques platitudes moralisantes aux Italiens concernant l’intégrité de l’Éthiopie. L’empire britannique empêche la tard-venue Italie de posséder à son tour des colonies, ce qui a tout simplement poussé Mussolini dans les bras de Hitler, dont il se méfiait jusque-là. En mars 1936, ni Londres ni Paris ne font quoi que ce soit pour empêcher la remilitarisation de la rive gauche du Rhin et en repousser les 22 000 soldats allemands, alors qu’ils en ont alors les moyens. Quand la guerre civile espagnole éclate, la Grande-Bretagne a signé un pacte de non-intervention, qu’elle fut la seule à respecter avec la France. En 1938, après le « lâche soulagement » de Munich, rien n’est entrepris pour empêcher le morcellement de la Tchécoslovaquie.

Cette politique d’apaisement repose sur quatre arguments : étant donné l’état alarmant du réarmement britannique, ni la Grande-Bretagne ni la France ne sont prêtes à faire la guerre avant l’automne 1939. Or Tim Bouverie montre que c’est surtout après Munich que la Wehrmacht monte en puissance. Le déclenchement de la guerre, avance-t-on, aurait divisé l’opinion publique et très probablement l’empire britannique. De plus, ce n’est qu’avec l’invasion de la Tchécoslovaquie, en mars 1939, que Hitler a prouvé qu’on ne peut pas lui faire confiance. Mais c’est sur le dernier argument que repose la politique d’apaisement : tenter d’éviter les horreurs d’une nouvelle guerre mondiale en faisant des concessions à l’Allemagne nazie est après tout une politique raisonnable qui vaut la peine d’être essayée. Le malheur est qu’elle a échoué, avec toutes ses conséquences tragiques. En dehors de quelques personnalités isolées dont Winston Churchill, aucun dirigeant britannique n’a perçu « la nature du monstre » qu’ils auront à affronter. Ils se conduisent comme le petit enfant prenant le loup pour un agneau. Pourtant, dès 1933, grâce à une lecture attentive de Mein Kampf, l’ambassadeur britannique à Berlin, sir Horace Rumbold, peut avertir le gouvernement britannique de l’idéologie agressive et expansionniste du nouveau chancelier, mais sa dépêche en 5 000 mots ne connaît pas la postérité du fameux télégramme de George Kennan qui, en 1947, jeta les bases de la politique d’endiguement que menèrent les États-Unis vis-à-vis de l’Union soviétique durant un demi-siècle.

Ce n’est qu’après 1945 que les prétendues leçons de cette politique d’apaisement ont été invoquées par divers historiens et experts pour justifier une série d’interventions étrangères – en Corée, au Vietnam, à Suez, à Cuba, aux Malouines, au Kosovo et par deux fois en Irak. Inversement, toute tentative d’accord avec un ancien adversaire est systématiquement comparée aux accords de Munich de 1938. Les conservateurs américains n’ont-ils pas brandi le spectre de Neville Chamberlain pour fustiger l’accord sur le nucléaire iranien de juillet 2015 ? Aujourd’hui, le concept d’apaisement connaît un certain regain d’intérêt concernant l’attitude à adopter vis-à-vis de la Russie. Mais peut-on comparer ces époques ? En tout cas, la lecture d’Apaiser Hitler devrait nous permettre de mieux répondre aux dilemmes de notre temps.

https://esprit.presse.fr/actualite-des-livres/eugene-berg/apaiser-hitler-de-tim-bouverie-42727

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A force de reculades pour espérer la paix, les Britanniques ont eu la guerre ! Une analyse tout en finesse des naïvetés de Chamberlain face au IIIe Reich
De Tim Bouverie
Traduit de l’anglais par Sabine Weiss, Flammarion, coll. Au fil de l’Histoire, 672 p., 29€

JEAN-PIERRE TIROUFLET
Publié le 25 sep . 2020
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Thème

Après l’accession d’Hitler au pouvoir, en janvier 1933, l’équilibre européen s’est rapidement modifié. Le dogme de la sécurité collective, la SDN se sont révélés incapables de contenir le réveil du militarisme allemand. En reconstruisant à marches forcées sa puissance militaire, le IIIème Reich a agressivement remis en cause les clauses du traité de Versailles (remilitarisation de la Rhénanie, Anschluss, Sudètes et Tchécoslovaquie, Pologne). Tim Bouverie relate, avec un brio exceptionnel, la manière dont l’Angleterre a vécu cette montée en puissance de l’Allemagne nazie et comment elle a - ou n’a pas -  réagi à cette modification existentielle de l’équilibre européen.

Points forts

C’est à une véritable tragédie shakespearienne que M. Bouverie convie son lecteur. Il centre son propos sur Neville Chamberlain, premier ministre de sa Majesté de mai 1937 à mai 1940 et principal acteur de la politique d’apaisement. L’ancien Lord Maire de Birmingham qui n’a jamais côtoyé que des “gentlemen”, croira jusqu’au bout, jusqu’à la guerre, malgré l’évidence, à la bonne foi d’Hitler et à son désir sincère de paix. L’analyse psychologique de ce personnage désuet qui passe en revue les SS avec son parapluie est un chef d’œuvre de finesse et d’intelligence.

Appuyé sur une documentation et des recherches d’une qualité exceptionnelle, Tim Bouverie livre un tableau précis et  passionnant de cette Angleterre de l’entre-deux guerres, encore largement régie par l’aristocratie et les élèves des public schools et d’Oxbridge ; il brosse le portrait des acteurs du drame : Baldwin, Eden, Duff Cooper, Halifax… et montre le fonctionnement du système politique, l’élaboration de la politique étrangère et, plus largement les rouages de la société britannique.

M. Bouverie redresse au passage quelques idées reçues, notamment celle d’un pacifisme ambiant qui aurait lié les mains des dirigeants britanniques et français: les premiers sondages réalisés tant en France qu’au Royaume Uni montreraient plutôt que les partisans d’une résistance à Hitler étaient les plus nombreux.

Enfin notre auteur écrit bien : ses 600 pages s’avalent comme un roman et il ne rechigne pas à parsemer son texte de citations très humoristiques, malgré la gravité du sujet.

Points faibles

Le lecteur français pourrait ressentir de la frustration. Dans cette tragédie, la France apparaît comme un acteur de seconde zone, à la remorque de Londres et sa politique étrangère aurait mérité un peu plus d’attention, ou de compassion, de la part de M. Bouverie.

En deux mots ...

Face aux dictatures: résister ou compromettre ? Une exceptionnelle leçon d’Histoire que les dirigeants actuels des démocraties feraient bien de méditer !

Un extrait

Page 297. « Les Britanniques ne voulaient surtout pas s’engager à défendre la Tchécoslovaquie ; et pourtant, suite à leurs propres agissements, ils se retrouvaient presque inextricablement liés au destin tragique de ce fragile pays. »

L'auteur

Tim Bouverie est un jeune historien britannique, descendant de familles aristocratiques. Il a rejoint la chaîne de télévision Channel 4 News, comme journaliste politique. Apaiser Hitler, son premier ouvrage, a été unanimement salué par la critique.https://www.culture-tops.

fr/critique-evenement/livresbdmangas/apaiser-hitler

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Apaiser Hitler

de: Tim Bouverie

Nous savions, à la lecture des nombreuses études et livres qui ont été publiés à ce sujet, combien la politique étrangère française des années trente, initiée par Pierre Laval,  conjuguée aux errements du haut commandement militaire, le Général Gamelin en  tête, a été en grande partie la cause de la défaite de 1940. Pour ma part, je savais moins, même si le livre  “The remains of the day”, de l’écrivain britannique d’origine japonaise Kazuo Ishiguro, le décrit mieux que n’importe quelle thèse sur le sujet, que la politique d”apaisement” avait été le moto des gouvernements britanniques successifs de ces années là. Seuls Churchill, Eden et surtout la presse britannique et les caricaturistes, et au premier chef, David Low, de l’Evening Standard, ont tenté en vain de s’y opposer, voyant clair dans le jeu des nazis suivis par les fascistes italiens. À  ce sujet, le livre de Tim Bouverie vous apprendra que Low, sur les instances de Lord Halifax, lequel avait été directement sollicité par Goebbels lui même, sera sommé d’atténuer les attaques de la presse britannique et en particulier celles de Low, parce que susceptible de nuire grandement à la conclusion d’un accord de paix anglo-allemand. Vous y découvrirez la succession de manoeuvres, pourparlers, rencontres, déplacements en Allemagne de haut dignitaires britanniques, et de nazis en Angleterre, dans le vain but de conclure des alliances et aussi une proposition, tardive, du président américain en janvier 1938. Roosevelt, effrayé par les risques d’un second conflit mondial (et aussi motivé par des enjeux économiques), fit, aux premiers jours de l’année 1938, la première sérieuse tentative américaine d’intervenir dans le concert diplomatique européen. Son projet consistait à organiser une conférence de paix internationale sur le désarmement. Chamberlain, premier ministre anglais à cette époque, anti-américain notoire et chantre du pacifisme, convaincu qu’il parviendrait seul à conclure un accord pour la paix avec Hitler, rejeta immédiatement l’idée, la considérant comme “un ridicule épanchement”. Chamberlain était connu pour son absence d’empathie et son coeur de pierre, notamment envers la persécution des juifs et les pays de l’Est, selon lui monnaies d’échanges inévitables pour maintenir la paix. Passionnant livre qui se lit comme un roman, et qui montre, preuves à l’appui, que la guerre aurait probablement pu être évitée ou à tout le moins que les plans hégémoniques et monstrueux de Hitler auraient pu être mieux combattus. (La Lettre du Temps Retrouvé, avril 2020). 

https://www.letempsretrouve.nl/livres/apaiser-hitler/

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Le procès de l’apaisement britannique face à l’Allemagne nazie

Dans un ouvrage ambitieux et solidement documenté , l’historien Tim Bouverie propose une histoire globale de l’apaisement, la politique étrangère du Royaume-Uni face aux régimes totalitaires.

Le récit est centré sur les décideurs britanniques, notamment Baldwin, premier ministre de 1935 à 1937, Neville Chamberlain, son successeur de 1937 à 1940, et Churchill, leur opposant au sein du parti conservateur, saisis au fil de leurs appréhensions, de leurs espoirs et de leurs décisions face à Hitler. Si le portrait de Baldwin correspond assez à ce qu’on en savait, le cynisme électoral en prime, Neville Chamberlain apparaît dans toute sa crédulité, et l’exploitation de sa correspondance personnelle montre bien l’aveuglement de celui qui pensait avoir rapporté de Munich « la paix pour son temps ». En février 1939, malgré les alertes des services de renseignements, il croyait fermement « être venu à bout des dictateurs » et rêvait ouvertement à une nouvelle conférence du désarmement. Initiateur de l’apaisement actif, il fut le dernier, bien après son ministre des Affaires étrangères Halifax, à y renoncer, non sans hésitations et revirements. Churchill, ses avertissements, sa quête perpétuelle d’informations sur le réarmement allemand, ses foucades aussi, constituent, un des principaux fils directeurs de l’ouvrage.

Un récit plein de vie et de couleur

L’auteur suit une trame chronologique, ce qui lui permet de traiter de l’ensemble des évènements de la période dans un récit dynamique et vivant – pour tout dire, captivant. D’une politique erratique et réactive face aux initiatives d’Hitler, l’apaisement devient, avec l’arrivée de Chamberlain à la tête du gouvernement, une politique décidée de concessions mesurées, mais répétées, à Hitler – la visite de lord Halifax à Berlin en novembre 1937, narrée avec talent et dans le détail, est incontestablement, sur ce plan, un tournant. L’occupation brutale de la Tchécoslovaquie le 15 mars 1939 constitua le facteur essentiel du retour progressif de la diplomatie britannique vers davantage de fermeté. Le livre s’ouvre sur le récit, pathétique et sublime, de la journée du 2 septembre 1939, qui emporta les ultimes réserves de Chamberlain vis-à-vis d’un affrontement avec les dictatures. D’autres tableaux parcourent l’ouvrage, tel celui de la revue de la flotte britannique le 16 juillet 1935, à l’occasion du jubilé d’argent du roi Georges V. L’auteur ne manque pas de rapporter de nombreux détails, certains cocasses – la liste des cadeaux reçus par Chamberlain au lendemain des accords de Munich comprenant notamment des « bulbes à planter », un piano à queue et des sabots hollandais –, d’autres plus significatifs – telle cette revue de la presse quotidienne britannique lors de l’accession d’Hitler au pouvoir, sujet jugé secondaire, traité avec peu d’inquiétude, sinon avec une franche désinvolture.

Cependant, l’absence de chapitre consacré à la Guerre d’Espagne ou, au moins, à son déclenchement, surprend. L’attitude de la Grande-Bretagne et de ses dirigeants face à ce conflit constitue pourtant un superbe sujet d’étude, permettant de saisir les puissants ressorts de l’apaisement que furent l’anticommunisme et l’isolationnisme. Ainsi, l’anticommunisme de Churchill l’empêcha longtemps de saisir les enjeux stratégiques du conflit qui ensanglantait l’Espagne. La neutralité malveillante qu’infligea Londres à la République espagnole représente un aspect essentiel de la politique d’apaisement. Par ailleurs, si l’auteur traite largement et de façon très précise de l’anticommunisme des dirigeants britanniques, rien n’est dit sur leur perception de l’URSS en tant que puissance et facteur militaire. Les représentations géopolitiques de l’Europe et du monde en vigueur au sein de la classe politique britannique ne sont pas étudiées de façon systématique, malgré certains passages intéressants, comme celui où l’auteur souligne les perceptions antagonistes de la France, de l’Europe et de la puissance britannique qui étaient celles des appeasers conservateurs et de leurs détracteurs de même obédience. Il manque ainsi une clé de compréhension de certaines décisions du gouvernement britannique : le choix de Chamberlain au début de 1938 de privilégier un accord bilatéral avec l’Italie plutôt que de soutenir une initiative globale des États-Unis, soutenu par une large majorité de conservateurs, ne serait-il pas plus compréhensible si l’auteur avait détaillé quelles étaient les conceptions géopolitiques dominantes dans les milieux dirigeants britanniques ? Par ailleurs, les quelques incursions dans l’étude de la stratégie et de la politique étrangère françaises, qu’il s’agisse de la diplomatie de Clemenceau à la conférence de Paris ou de l’attitude des dirigeants politiques et des chefs militaires français lors de la crise rhénane ne tiennent pas compte des renouvellements historiographiques récents, tels que les ouvrages d’Ernst May, et de Georges-Henri Soutou   ou l’article récent de Peter Jackson. Le tableau de l’équilibre des forces en Europe en septembre 1938, supposé pencher nettement en faveur des démocraties occidentales, ne tient nul compte de l’hostilité de la Pologne envers la Tchécoslovaquie, du positionnement de l’Italie dans le sillage de l’Allemagne ou de l’écart significatif existant entre les potentiels industriels – spécialement en matière de production aéronautique – de la France et de l’Allemagne.

Facteurs et acteurs de l’apaisement

Avant tout, ressort de la lecture de ce récit le poids dominant de l’anticommunisme dans les mentalités de la classe dirigeante britannique : il s’agit d’un point commun de tous les partisans de l’apaisement. Décisif dans les années qui suivent la prise de pouvoir par les nazis, ce sentiment est encore bien présent dans l’esprit de Chamberlain et de nombreux autres dirigeants au printemps 1939, justifiant les réticences du premier ministre à s’engager dans la voie d’un pacte d’assistance mutuelle avec Moscou. Cet anticommunisme virulent justifia une grande tolérance pour les excès du nazisme, et parfois une admiration sans borne pour l’ « œuvre » intérieure du Führer, lequel avait débarrassé l’Allemagne, et par contrecoup en partie l’Europe, du péril bolchevik. Les assurances apaisantes d’Hitler, qui protesta de son pacifisme en toutes occasions durant les premières années au pouvoir, jouèrent également un rôle majeur. Le sentiment de culpabilité des élites et de l’opinion publique britanniques vis-à-vis de l’Allemagne, encouragé par des publications telles que le livre de Keynes sur la conférence de la paix de 1919-1920, légitima, en outre, les demandes de révision du « diktat » formulées par le chancelier allemand. Il en résulta l’aveuglement persistant d’une très grande majorité des hommes politiques britanniques face aux desseins d’Hitler, culminant au lendemain de l’Anschluss. En revanche, l’auteur montre parfaitement que si le pacifisme était très répandu dans l’opinion publique et parmi les dirigeants britanniques, il ne constitua sans doute pas l’élément essentiel de l’apaisement. On peut regretter que l’hostilité à tout système d’alliance du temps de paix, analogue à la Triple Entente pré-1914, ne soit pas interrogée.

Dans ce cadre global, l’auteur montre parfaitement que la diplomatie et les dirigeants britanniques furent avertis dès 1933 que les ambitions d’Hitler ne se réduisaient pas à une simple révision, encore moins « pacifique », du traité de Versailles. Si la presse joue un rôle non négligeable d’information sur les exactions des nazis, le premier rôle revient à sir Horace Rumbold, ambassadeur à Berlin jusqu’en juillet 1933, dont les dépêches clairvoyantes pointaient clairement les objectifs à long terme d’Hitler et les moyens dont il entendait user. L’apaisement n’est donc pas une simple « politique du chien crevé qui suit le fil de l’eau », pour reprendre la formule d’André Tardieu qualifiant la diplomatie d’Aristide Briand, fruit de l’ignorance ou de l’inconscience, mais bien un choix délibéré : celui de se fier à la parole de « Herr Hitler », en dépit des avertissements contenus dan Mein Kampf, ou, du moins, d’entretenir une relation solide avec Berlin en dépit de tout ce que le nouveau régime avait de détestable. Le choix des diplomates apointés par Londres à Berlin illustre parfaitement cette option. L’ombrageux mais clairvoyant Rumbold fut remplacé dès l’été 1933 par sir Eric Phipps, lequel refusa dans un premier temps de considérer les projets d’Hitler à l’aune de Mein Kampf avant de se montrer un peu plus perspicace. Au printemps 1937,  sir Nevile Henderson succéda à Phipps, muté à Paris, et se révéla très vite comme un partisan farouche et immodéré de l’entente avec les dictatures allemande et italienne. Au sein du Foreign Office, sir Robert Vansittart, sous-secrétaire permanent, véritable numéro 2 du ministère et opposant majeur à l’apaisement, fut brutalement évincé à l’aube de l’année 1938 et remplacé par sir Alexander Cadogan, un diplomate au profil beaucoup plus neutre. Le rôle de ces diplomates dans la politique allemande du Royaume-Uni fut déterminant.

Cependant, ils ne furent pas seuls à servir avec enthousiasme le projet d’ « apaiser Hitler ». Dès 1933, de nombreux « diplomates amateurs » – l’expression est de Tim Bouverie – firent le voyage d’Allemagne pour assurer le chancelier allemand et les dignitaires du régime nazi de la compréhension bienveillante de Londres. Ainsi, en 1935-1936, l’influent et libéral lord Lothian, l’ancien premier ministre de même appartenance politique David Lloyd George, le travailliste et ancien objecteur de conscience lord Allen of Hurtwood et le conservateur lord Londonderry furent les dupes d’Hitler, qu’ils rencontrèrent en Allemagne. Ils en revinrent tous persuadés qu’un accord global germano-britannique préservant durablement la paix était possible, et le claironnèrent dans la presse. Tim Bouverie souligne à quel point l’action de ces diplomates amateurs fut néfaste : non seulement ils contribuèrent grandement à l’aveuglement de l’opinion publique, mais ils nuisirent en outre à la diplomatie britannique en mettant en évidence aux yeux des Allemands la division des milieux dirigeants de Londres face à la question allemande et le sentiment de culpabilité qui y régnait au sujet du traité de Versailles, décrédibilisant par avance toute attitude ferme face aux violations répétées des traités par l’Allemagne hitlérienne.

À ces diplomates amateurs tapageurs se substituèrent progressivement à partir de 1937 des diplomates amateurs plus discrets, œuvrant au service personnel de Neville Chamberlain. Face aux réticences, voire aux résistances, d’Anthony Eden puis d’Edward Halifax, secrétaires successifs au Foreign Office, le premier ministre n’hésita pas à doubler la diplomatie officielle en employant jusqu’à l’été 1939 nombre d’émissaires officieux, procédé aussi vain que dangereux. Parmi ceux-ci, très nombreux, l’on peut mentionner sir Joseph Ball, ancien du MI5 et directeur du Conservative Research Department, cellule de réflexion du parti tory, et sir Horace Wilson, confident et conseiller du premier ministre pour les questions industrielles. Le premier, propriétaire secret du périodique Truth, publication farouchement conservatrice et pro-apaisement, chef d’un réseau de renseignement politique ayant réussi à infiltrer les partis travailliste et libéral et à placer sur écoute les opposants du premier ministre, joua de 1937 à 1939 le rôle d’émissaire officieux de Chamberlain auprès d’émissaires non moins officieux italiens, sans aucun résultat concret. Le second, envoyé en catastrophe à Berlin au plus fort de la crise des Sudètes, se montra tout simplement incapable de remplir la mission qui lui avait été confiée : avertir solennellement le chancelier allemand que le Royaume-Uni ne resterait pas à l’écart d’un conflit impliquant la France entrée en guerre pour défendre la Tchécoslovaquie.

Au-delà des acteurs individuels, l’opinion publique est érigée en véritable acteur collectif du récit de Tim Bouverie. Loin des poncifs déplorant la contrainte absolue qu’aurait représenté une opinion publique totalement et passionnément pacifiste, Tim Bouverie souligne, grâce à l’exploitation des premiers sondages et à l’analyse de correspondances privées – celle d’une travailleuse sociale, d’une logeuse, par exemple – que celle-ci, dotée d’une véritable autonomie, connut des évolutions. Si Baldwin put arguer du pacifisme ambiant pour justifier sa politique d’apaisement, il faut relever qu’à l’été 1935, alors que couvait la crise italo-éthiopienne, la faveur de l’opinion publique pour des sanctions envers un État agresseur ne motiva en rien la ligne du gouvernement britannique, lequel condamna formellement l’agression italienne tout en se gardant de prendre aucune mesure efficace. De même, au début de l’année 1938, l’opposition de 58 % de ses compatriotes à la politique d’apaisement envers l’Italie ne dissuada aucunement Chamberlain de persister dans cette voie.

De lecture extrêmement agréable, cet ouvrage constitue une leçon magistrale pour notre époque. Au-delà du dilemme apaisement/affrontement, toujours d’actualité en dépit de l’entrée dans l’ère nucléaire puis dans l’ère numérique, il permet d’interroger les liens entre politique intérieure et politique extérieure d’une grande puissance à prétention totalitaire, entre radicalisation du contrôle sur la population et développement des ambitions expansionnistes. L’entente, sinon l’union, des nations se revendiquant de la démocratie libérale, peut-être aussi nécessaire aujourd’hui que dans les années trente, semble loin de se concrétiser. En cela, en sus d’être une remarquable somme, ce livre fait figure d’avertissement.

https://www.nonfiction.fr/article-10344-le-proces-de-lapaisement-britannique-face-a-lallemagne-nazie.htm

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Tim Bouverie, Apaiser Hitler

L'’ennemi n’en est pas un

Avec un don tout anglo-saxon du récit his­to­rique, Tim Bou­ve­rie décrypte avec brio les méandres de la poli­tique d’appea­se­ment que les diri­geants bri­tan­niques mirent en œuvre dans l’espoir illu­soire de rete­nir Hit­ler sur le che­min de la guerre. Disons tout de suite que l’auteur n’échappe pas aux pièges du mani­chéisme qui, presque inévi­ta­ble­ment, pousse à sépa­rer appea­sers et anti-appeasers par une fron­tière un brin morale, entre gen­tils et méchants.
Tout comme il suc­combe à cer­tains rac­cour­cis. Tel celui lui fai­sant dire que Mus­so­lini est à l’origine directe du meurtre de Mat­teotti — ce qu’aucun his­to­rien sérieux du fas­cisme n’affirme – ou que le paci­fisme rele­vait en France des cou­rants de droite, alors qu’il se mani­fes­tait tout autant, sinon plus, à gauche.

Passons sur ces points pour nous concen­trer sur le fond de l’ouvrage. Tim Bou­ve­rie trace un por­trait aussi pré­cis que juste de Cham­ber­lain, qui incar­nera à jamais cette poli­tique aveugle faite d’un mélange d’idéalisme, de paci­fisme et d’optimisme reli­gieux. Mais il rap­pelle aussi qu’une large par­tie de la classe poli­tique, média­tique et aris­to­cra­tique d’outre-Manche se four­voya avec lui, non sans décrire en détails le rôle néfaste que les conseillers offi­cieux et les diplo­mates ama­teurs jouèrent dans le nau­frage de la diplo­ma­tie anglaise.
Peut-être aurait-il dû davan­tage s’interroger sur le rôle de George VI dans cette affaire puisqu’on sait que le roi était un fervent appea­ser et sou­tien de Chamberlain.

Autre point fort bien mis en lumière : la com­plexité des per­son­na­li­tés et l’ambivalence de leurs com­por­te­ments. Ainsi Bou­ve­rie rappelle-t-il fort à pro­pos qu’Anthony Eden ne fut jamais un résis­tant de la pre­mière heure, et que s’il se dressa de toute sa hau­teur contre Mus­so­lini – à l’image du Front popu­laire en France –, il s’avéra bien plus flot­tant face au démon de Ber­lin.
De même, l’auteur retrace le par­cours de lord Hali­fax, autre incar­na­tion de l’appeasement – et qui le res­tera après le suc­cès du magni­fique film Les heures sombres – mais qui connut son che­min de Damas au moment de Munich.

Enfin, on retien­dra une autre évo­lu­tion, celle de l’opinion publique. Incon­tes­ta­ble­ment paci­fiste – ce que ne man­quaient pas de rele­ver les appea­sers pour se jus­ti­fier –, elle se radi­ca­lisa à par­tir de la fin des années 1930 pour en fin de compte sou­te­nir une poli­tique de fer­meté qui sera celle de Chur­chill.
En fait, les Bri­tan­niques avaient changé leur fusil d’épaule avant leurs propres diri­geants qui menaient une poli­tique désor­mais glo­ba­le­ment rejetée.

Que de leçons pour aujourd’hui !

fre­de­ric le moal

Tim Bou­ve­rie, Apai­ser Hit­ler, Flam­ma­rion, jan­vier 2019, 672 p., 29 €http://www.lelitteraire.com/?p=56987

LA DRÔLE DE PAIX

Comment s'est-on persuadé que « monsieur le chancelier Hitler » n'était en rien un revanchard belliciste ?

Alors que la Grande-Bretagne s'éloigne de l'Europe, ce livre devrait pousser nos amis d'outre-Manche à se remémorer les risques de l'auto-persuasion... Voici un ouvrage bienvenu, qui explore cette période délaissée des historiens, qui vit, entre 1933 et 1938, la « résistible ascension » du Reich. Tim Bouverie explore sans concession la politique britannique d'appeasement - étrange stratégie qui tentait d'éviter la guerre en multipliant les concessions faites à l'Allemagne. Pourquoi, en Grande-Bretagne, toute une classe de parlementaires et de diplomates s'obstina à mener cette politique qui allait mener à la guerre et au déshonneur ? Car si la France garde un oeil sur cette Allemagne qui réarme, les Britanniques, eux, renouent avec de vieux réflexes : des sentiments proallemands, une haine des Français et un repli isolationniste.

Les erreurs et les compromis poisseux de l'été 40

Pourtant, les avertissements s'accumulent. Le premier d'entre eux intervient trois mois seulement après l'accession au pouvoir de Hitler : l'ambassadeur en poste à Berlin, Horace Rumbold, attire l'attention, dans une dépêche devenue célèbre outre-Manche, sur la conclusion, forcément guerrière, du darwinisme social de Hitler. Un seul homme, Chamberlain, symbolisera dès l'été 1940 les erreurs et les compromis poisseux. Arrivé au 10 Downing Street, cet ancien ministre des Finances sait que l'Empire, à l'apogée de son extension, frôle, après la Grande Dépression, la banqueroute. Les crédits alloués aux militaires ne permettent donc pas le réarmement. Et puis, il y a l'opinion publique, nouvel acteur tout-puissant qui pousse les gouvernements à bafouer la parole donnée pour garantir la « paix pour notre époque ». Et seule l'invasion de la Tchécoslovaquie (mars 1939) fera comprendre, « mais un peu tard », la menace nazie. Apaiser Hitler, PAR TIM BOUVERIE (Flammarion, coll. « Au fil de l'Histoire », 672 p., 29 euros)









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