duminică, 28 februarie 2021

VARIAN FRY: Viata si faptele unui om drept

Après la défaite de la France et la signature de la convention d’armistice avec l’Allemagne, le 22 juin 1940, une grande partie de l’opinion publique américaine s’indigna de l’article 19 de ladite convention qui stipule : « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich. »









VARIAN FRY

 (https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/varian-fry

Encyclopédie multimédia de la Shoah)

Varian Fry (1907-1967) était un journaliste américain qui aida les réfugiés anti-Nazis à fuir la France.

Après l'invasion de la France par l'Allemagne en juin 1940, le Emergency Rescue Committee (Comité de secours d'urgence, une organisation humanitaire américaine privée), envoya Varian Fry en France pour venir en aide aux réfugiés anti-Nazis menacés d'arrestation par la Gestapo (la police secrète de l'État allemand). À Marseille, Fry s'appuya sur son réseau de résistance pour fabriquer de faux papiers et mettre en place des itinéraires de fuite. Il offrit son soutien aux réfugiés anti-fascistes, juifs ou non, menacés d'extradition vers l'Allemagne nazie en vertu des dispositions de l'article 19 (clause dite de « livraison sur demande ») de l'armistice franco-allemand.

Fry séjourna en France pendant 13 mois. Il fut placé sous constante surveillance et, plus d'une fois, interrogé et incarcéré par les autorités françaises. Sous couvert de l'organisation humanitaire qu'il fonda légalement, le Centre de secours américain, il s'employa à faire disparaître en toute illégalité des réfugiés en danger — fonds issus du marché noir, documents falsifiés, passages secrets par la montagne et voies maritimes.

Les efforts de Fry permirent de secourir plus de 2 000 personnes, dont d'éminents artistes et intellectuels tels que Marc Chagall, Max Ernst, Franz Werfel, Lion Feuchtwanger et Heinrich Mann. Ses activités secrètes exaspéraient les fonctionnaires du département d'État américain autant que ceux de la France de Vichy, et il fut expulsé de France en septembre 1941.

Peu avant sa mort, le gouvernement français accorda à Fry la Croix de Chevalier de la Légion d'honneur. Ce fut la seule reconnaissance officielle qu'il reçut de son vivant. Il décéda brusquement en 1967 alors qu'il révisait ses mémoires. Il laissa une masse importante de textes et de photographies sur ses activités en France. Son livre « Mission Sauvetage » (traduit de : « Assignment : Rescue »), la version de ses mémoires écrite pour la jeunesse, fut publié peu après sa mort.

En 1991, le United States Holocaust Memorial Council attribua à Varian Fry la médaille Eisenhower de la Libération. En 1994, il fut également honoré par Yad Vashem du titre de « Juste parmi les nations » pour ses activités humanitaires.

Varian Fry

Varian Fry en France

 En 1994, le titre de Juste des Nations lui fut décerné par Yad Vashem.

Varian Fry

En vertu de l’accord d’armistice signé après sa défaite en juin 1940, la France était tenue de livrer aux Allemands tout individu figurant sur la liste des personnes recherchées par la Gestapo, parmi lesquelles se trouvaient un grand nombre d’intellectuels juifs. Les réfugiés originaires d’Allemagne venus se mettre à l’abri en France étaient de nouveau sous contrôle allemand et exposés à de graves dangers. Un organisme d’assistance du nom d’Emergency Rescue Committee (ERC) fut créé à New York dans le but de venir en aide aux intellectuels et autres personnalités de renom bloqués en France et menacés d’être arrêtés et livrés aux Allemands du fait de leurs prises de position antinazies. Grâce à l’intervention de la première dame des Etats-Unis, Eleanor Roosevelt, le département d’Etat américain accepta de faire une exception à sa politique d’ordinaire restrictive en matière de visas et de délivrer des visas d’entrée à un nombre limité de deux cents réfugiés. Varian Fry, un diplômé de lettres classiques qui travaillait à New York en tant que rédacteur pour la Foreign Policy Association, fut envoyé en France par l’Emergency Rescue Committee. Sa mission : se rendre à Marseille, où résidaient un grand nombre de ces réfugiés et trouver un moyen de les faire sortir du pays. Il avait sur lui 3 000 dollars et une liste des deux cents noms de ceux qui pouvaient prétendre à des visas.

Arrivé à Marseille en août 1940, Fry s’installa dans sa chambre à l’hôtel Splendide et commença à écrire des lettres aux personnes figurant sur sa liste. La rumeur de son arrivée se répandit et des centaines de personnes vinrent lui demander de l’aide. Il comprit rapidement que le consulat américain ne l’aiderait pas à faire en sorte que ces personnes puissent rejoindre les Etats-Unis et qu’il devrait travailler de manière indépendante. Confronté à la détresse de ces réfugiés, Fry décida d’agir et commença à trouver des solutions – pour la plupart illégales – pour permettre aux réfugiés immédiatement menacés de tomber entre les mains des Allemands, de quitter le pays clandestinement. Les files de réfugiés devant la porte de sa chambre d’hôtel devinrent si longues qu’il loua un bureau et mit sur pied un groupe de collaborateurs – expatriés américains, citoyens français et réfugiés – pour l’assister dans le processus de classification. Ils fondèrent le Centre Américain de Secours (American Rescue Center) et commencèrent à faire passer des entretiens à une soixantaine de personnes par jour. Des années plus tard, Fry décrivit ainsi la façon dont il avait fait face au dilemme consistant à décider qui devait être aidé :

« Il n’y avait aucun moyen de savoir qui était vraiment en danger et qui ne l’était pas. Nous ne pouvions que deviner et la seule méthode sûre pour cela était d’accorder à chaque réfugié tout le bénéfice du doute. Faute de quoi, nous aurions pu refuser d’aider quelqu’un qui était vraiment en danger et apprendre par la suite qu’il avait été transporté à Dachau ou à Buchenwald parce que nous l’avions refoulé. »

Bien que n’ayant aucune expérience du travail clandestin, Fry mit en place un dispositif multiforme. Son bureau eut aussi bien recours à des méthodes légales qu’à des méthodes illégales. Une fois les deux cents visas pour les Etats-Unis écoulés, le bureau de Fry essaya d’obtenir des visas d’entrée dans d’autres pays ; un ancien caricaturiste viennois fut enrôlé pour fabriquer de faux papiers ; certains réfugiés, déguisés en soldats démobilisés, rallièrent clandestinement l’Afrique du Nord – encore sous contrôle français – sur des navires de transport de troupes français ; d’autres quittèrent la France en douce par voie terrestre.

A deux reprises, Fry tenta de lancer un appel au secrétaire d’Etat américain Cordell Hull. « Ils sont des milliers à se retrouver dans les prisons et les camps de concentration d’Europe sans espoir de libération parce qu’ils n’ont aucun gouvernement pour les représenter… Les Etats-Unis et d’autres nations de l’hémisphère occidental ne pourraient-ils prendre des mesures immédiates, telles que la création de nouveaux passeports Nansen [déjà utilisés pour secourir des réfugiés russes apatrides] et l’extension à leurs détenteurs d’une protection diplomatique au moins partielle ? », écrivait-il le 10 novembre 1940. Ses deux courriers demeurèrent sans réponse.

Les activités de Fry prirent une ampleur telle qu’il devint difficile de les garder secrètes. La police française décida d’agir avec fermeté à son égard. L’ambassade américaine à Vichy et le consulat américain à Marseille, se conformant au caractère strict de la politique de leur pays en matière d’immigration, se gardèrent d’intervenir en faveur de Fry. La police française fit d’abord une descente dans ses bureaux. En décembre 1940, Fry fut arrêté et détenu pendant un certain temps dans un bateau-prison amarré dans le port de Marseille. Mais rien ne put le dissuader de continuer son action. Il demeura en France malgré l’expiration de son passeport et poursuivit ses activités de sauvetage. Il fut finalement arrêté en août 1941 par la police française qui lui accorda une heure pour faire ses valises et l’escorta jusqu’à la frontière espagnole. Son expulsion, lui dit-on, avait été ordonnée par le ministère français de l’Intérieur en accord avec l’ambassade américaine. Fry devait décrire son départ en ces mots par la suite :

« Le temps était gris et pluvieux lorsque je montai à bord du train. Je regardai par la fenêtre et d’innombrables images se bousculèrent dans mon esprit. Je pensai aux visages du millier de réfugiés que j’avais fait sortir de France et à ceux du millier d’autres que j’avais dû laisser derrière. »

D’après les estimations de Fry, son bureau traita quelques 15 000 cas entre son arrivée et le mois de mai 1941. Près de 4 000 personnes bénéficièrent d’une assistance et un millier d’entre elles purent quitter la France clandestinement de différentes manières. Parmi les Juifs ayant bénéficié de l’aide de Fry pour quitter la France, se trouvaient un certain nombre de personnalités célèbres telles que Marc Chagall, Hanna Arendt, Jacques Lipchitz, Siegfried Kracauer, Franz Werfel, Lion Feuchtwanger et bien d’autres.

Interrogé sur ses motivations, Fry répondit qu’il avait vu deux membres des SA agresser un Juif lors d’une visite à Berlin en 1935 et qu’il avait alors senti qu’il ne pouvait plus demeurer indifférent.

Après son rapatriement forcé aux Etats-Unis, Varian Fry fut placé sous surveillance par le FBI. Il enseigna le latin dans une école de garçons jusqu’à sa mort prématurée en 1967, à l’âge de 59 ans et ses anciens collègues et amis l’évitèrent jusqu’à la fin de ses jours. Peu de temps avant sa mort, le gouvernement français le fit chevalier de la Légion d’honneur.

 En 1994, le titre de Juste des Nations lui fut décerné par Yad Vashem.

Le fils de Varian Fry planta un arbre en son honneur à Yad Vashem en 1996. La cérémonie eut lieu en présence du secrétaire d’Etat américain Warren Christopher, qui présenta à cette occasion les excuses du département d’Etat pour le mauvais traitement qui avait été réservé à Fry pendant la guerre.

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Expositions virtuelles

RÉSUMÉ

En août 1940, un jeune journaliste américain, Varian Fry, est envoyé à Marseille. Sa mission : faire évader les artistes, les intellectuels et militants politiques de gauche, souvent juifs, menacés par la Gestapo. La modeste organisation qu’il met sur pied s’oppose à l’article?19 de la convention d’armistice entre la France et l’Allemagne?: « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich.?» En treize mois, avant que la police de Vichy n’expulse Varian Fry – avec l’aval des États-Unis –, le Centre américain de secours aura, par des moyens légaux ou illégaux, permis l'évasion vers l'Amérique de milliers de réfugiés menacés de déportation – dont des écrivains comme André Breton et Heinrich Mann, des artistes comme Marc Chagall et André Masson. Ce bilan, qui relève de ce qu’on a appelé «?la résistance avant la Résistance », apparaît aujourd’hui comme un mouvement de solidarité internationale impulsé par les vestiges du mouvement ouvrier. Cet aspect, le moins connu de l’action de Varian Fry et de ceux qui l’ont accompagné, éclaire un moment historique singulier en même temps que l’héroïsme de l’individu ordinaire face à la déraison d’État.

https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/24-mars-1941-le-destin-des-lettres-francaises-12-varian-fry-lhomme-inespere

Épisode 1 : Varian Fry, l’homme inespéré

UNE HISTOIRE PARTICULIÈRE, UN RÉCIT DOCUMENTAIRE EN DEUX PARTIES par Nedjma Bouakra

Résistant avant l'heure, Varian Fry a une mission : une liste de 200 personnes à sauver menacées par les nazis et la politique de Vichy. Il va l'allonger et permettre à près de 2 000 personnes de s'échapper de Marseille, devenue souricière. Parmi eux, Hannah Arendt, André Breton, André Masson...

 

                           Photographie datant des années 1940 de Varian Fry, citoyen américain

Pour certains, il est un Schindler inconnu. Jeune journaliste libéral, Varian Fry se trouve le 15 juillet 1935 à Berlin et assiste à de cruelles séquences d'un pogrom qui l'a précisément renseigné quant à l'antisémitisme des sbires d'Hitler. Les Etats-Unis sous la houlette d’Eleanor Roosevelt cherchent un homme rusé et discret pour faire sortir de France les artistes et personnalités persécutées.

1er épisode : Varian Fry, l’homme inespéré

Varian Fry offre une vitrine « humanitaire » pour les autorités, mais travaille dans la plus totale clandestinité. Grâce à l’aide des réfugiés même, de petits bras de la mafia, et de l’inventivité des hommes face à l’urgence, il se décrit lui-même comme : « Un cheval de course attelé à un chariot de pierres ». Il écrit ses mémoires après-guerre, mais elles ne seront traduites en France qu’un demi-siècle plus tard. Dès septembre 40 s'inventent les premiers réseaux clandestins autour de Varian Fry. Artistes évadés ou sur la liste des arts « dégénérés »,  surréalistes, hommes et femmes fuyant l’Europe centrale, l’Espagne, l’Italie et le nazisme, s’informent et travaillent dans des coopératives qui leur permettent de se déplacer en échappant aux rafles. Les artistes fabriquent des faux papiers, Varian Fy ouvre un bureau dans une chambre de l'hôtel Splendide à Marseille et tape ses rapports pendant que l'eau de la baignoire coule. Son bras droit Daniel Benedicte, entré jeune au cabinet de la préfecture de Paris en 34, fait jouer ses réseaux. Pas d’amateurs, que des bonnes volontés.

Stéphane Hessel

Stéphane Hessel écrira : "Dès que je l'eus rencontré, Varian Fry m'apparut comme le porteur d'une immense espérance à laquelle de toutes mes forces je souhaitais m'associer."

Lundi 2 décembre au soir. Marseille. Toutes les maisons sont pavoisées. Partout de grands portraits du maréchal et des inscriptions « Vive Pétain ! Vive la France » note une fonctionnaire de la police.

Les rafles font rage. Marx Ernst s'échappe du Camp des Milles. Walter Benjamin tente de s'échapper par les Pyrénées. On se donne des nouvelles au café « les brûleurs de loups », intellectuels, artistes s'y retrouvent. Enfin, un havre de paix ouvre ses portes : la villa Air Belle - "Château espère Visa" ouvert par le réseau Varian Fry dans un discret quartier de Marseille.

Dans cet interstice marseillais s'inventent la résistance et le jeu de Marseille, œuvre collective surréaliste. La vie ne tient qu'à un fil, des cadavres exquis font passer l'attente. Tandis que Varian Fry allonge la liste des "hommes et femmes à sauver". Les filières échouent par l'Espagne. La mer devient à conquérir.

« Un coup de dés n’abolira jamais le hasard », mais les visas sont obtenus : à quoi bon retenir cette « racaille » selon les termes de Vichy. Visas en poche, ils peuvent gagner les Etats-Unis et le Mexique, mais doivent braver le blocus anglais à bord du Capitaine Paul Lemerle. Le navire embarque à bord André Breton, Anna Seghers, Claude Lévi-Strauss, Wifredo Lam, Serge Victor, le 29 mars 1941.

FRY Varian

Né le 15 octobre 1907 à New York (États-Unis), mort le 13 septembre 1967 à Easton (Connecticut, États-Unis) ; journaliste américain ; fondateur du Centre américain de secours à Marseille à la fin d’août 1940.

Fils de Arthur Varian Fry et de Lilian Rachel Mackey, Varian Fry naquit à New York dans une famille aisée et passa son enfance dans le New Jersey. En 1927, il entra à Harvard (université de Cambridge, Massachussetts) et reçut son BA (Bachelor of Arts) en 1931. Le 2 juin de la même année, il épousa Eilen Avery Hugues et voyage en Europe durant tout l’été avant de poursuivre ses études à l’université de Columbia (New York) en histoire, journalisme et relations internationales. Il obtint son premier poste dans la vie professionnelle comme directeur du Scholastic Magazine. Spécialisé dans les relations internationales, il dirigea ensuite le mensuel The Living Age. Également rédacteur pour plusieurs quotidiens et magazines, il fut en reportage à Berlin, en 1935, où il assista à un pogrom, le 15 juillet, auquel il consacra aussitôt des articles dans The New York Post, puis The New York Times. À son retour, quelques jours plus tard, il poursuit son témoignage dans une série d’articles du New York Times, ce qui entraîna la saisie de plusieurs éditions du journal en Allemagne car « certains articles parus […] ont déplu au régime nazi ». En 1937, il devint éditeur chez Headline Books. Il s’engagea par ailleurs dans une association d’aide aux républicains espagnols, le North American Committee. L’année suivante, il participa à l’action des American Friends of German Freedom (AFGF), une association fondée par Paul Hagen, de son vrai nom Karl Frank (voir DBMOI-Allemagne) pour soutenir le combat antinazi du groupe socialiste de gauche Neu Beginnen (Nouveau Départ).

Ce dernier fut, avec sa compagne Anna Caples, le premier des dédicataires du témoignage sur son action à Marseille, Livrer sur demande. C’est également en 1938 qu’il fut employé par la Foreign Policy Association et rédigea The Peace that Failed : How Europe Sowed the Seeds of War, qui parut l’année suivante.

Après la défaite de la France et la signature de la convention d’armistice avec l’Allemagne, le 22 juin 1940, une grande partie de l’opinion publique américaine s’indigna de l’article 19 de ladite convention qui stipule : « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich. » Trois jours plus tard, les AFGF organisèrent un banquet à l’hôtel Commodore (New York) pour dénoncer cet article et, dans la foulée, fut créé l’Emergency Rescue Committee (ERC). Celui-ci décida d’envoyer un représentant à Marseille, où se pressèrent les réfugiés, avec une liste de personnalités à sauver. Varian Fry se porta volontaire pour cette mission de sauvetage.

Jeune journaliste, germanophone, francophone, il avait déjà été remarqué pour des livres ou des rapports de qualité sur les questions internationales, sa connaissance précise de la situation européenne durant les années trente, sa conviction que les États-Unis avaient le devoir de tout faire pour soutenir les démocraties européennes, et que ce devoir correspondait aussi à leur intérêt, bref que l’isolationnisme n’était plus une option envisageable. Ces milieux, très marqués à gauche mais anticommunistes (le pacte germano-soviétique était dans tous les esprits), le plus souvent francophiles, perçurent l’urgence de la situation. Ils mettaient alors en œuvre « une des dernières actions de solidarité internationale du vieux mouvement ouvrier », qui se situaient dans le prolongement des actions antifascistes du mouvement syndical (juif et américain), d’une partie de l’émigration antifasciste aux États-Unis et de milieux intellectuels progressistes. Ainsi, les réseaux américains qui allaient financer l’action de l’ERC comprenaient des institutions universitaires prestigieuses, telle la New School for Social Research de New York, aptes à organiser l’accueil de professeurs invités, les milieux d’immigrés juifs socialistes et syndicalistes venus d’Europe centrale aux États-Unis (en particulier dans le sillage du Bund polonais), de grands syndicats américains, l’American Federation of Labor (AFL), en rapport étroit avec l’AFGF. Déterminante, l’influence du Jewish Labor Committee (JLC), créé à New York en 1934, dont l’argent finança les opérations de sauvetage en France, incita l’AFL à « se mobiliser contre la destruction des mouvements ouvriers et socialistes européens ». C’est l’AFL qui fut l’interlocuteur du département d’État et du président des États-Unis en 1940-1941.

Arrivé à Marseille le 13 août 1940, Varian Fry s’installa à l’hôtel Splendide et fonda quelques jours plus tard le Centre américain de secours, une association de droit français qui agit comme la filiale locale de l’ERC. Pour Myriam Davenport, il s’agissait « d’envelopper les réfugiés politiques dans le drapeau américain pour leur sauver la vie », tandis qu’Albert O. Hirschmann, qui participa aussi aux premiers temps de l’aventure, estima que « le drapeau américain allait couvrir une multitude de péchés » dans la mesure où, dès le départ, le CAS combine actions légales et illégales. Fry recruta une petite équipe, très dévouée : des Français (dont la plupart entrèrent dans la Résistance active après son départ), des Américains résidant en France depuis longtemps, bons connaisseurs du terrain et décidés à aider financièrement le centre en cas de coup dur. Le CAS mit en place des filières de départ vers l’étranger qui incluaient des passages clandestins vers l’Espagne depuis les Pyrénées-Orientales, notamment avec l’aide d’un couple d’antinazis allemands, Hans et Lisa Fittko. Début octobre, le CAS installa ses bureaux 60 rue Grignan et recruta peu après Daniel Bénédite. Militant de la Gauche révolutionnaire, puis du PSOP, proche de Victor Serge, ce dernier mit ses compétences en matière de droit des étrangers – il travaillait avant-guerre à la préfecture de police de Paris – et ses anciens réseaux professionnels et militants au service du CAS, devenant le bras droit de Fry tandis que son épouse, Théo, d’origine anglaise, devint la secrétaire du journaliste américain. À la fin du mois, le CAS loua la Villa Air-Bel, dans le quartier de la Pomme, où Fry résida, en compagnie notamment de plusieurs surréalistes, du couple Bénédite, de Victor Serge qui la rebaptise le « Château Espère-Visa ». Elle devint une sorte de phalanstère surréaliste où l’on créa le « Jeu de Marseille » et organisa plusieurs expositions. Lors de la visite du maréchal Pétain à Marseille, Fry et les habitants d’Air-Bel furent détenus à titre préventif durant 3 jours sur le Sinaia, un bateau à quai. En janvier 1941, le CAS installa ses bureaux 18 boulevard Garibaldi. C’est ce mois-là que le Département d’État ordonna au consulat de Marseille de ne pas renouveler le passeport de Fry lorsqu’il arrivera à expiration.

En effet, très vite, l’action de Fry, efficace, trop efficace (plusieurs milliers de départs), se heurta à une double opposition. Il gênait Vichy et son intendant de police, Maurice Rodellec du Porzic, qui obtint son départ ; il gênait aussi le gouvernement américain, le département d’État et son représentant local, le consul des États-Unis : les enquêtes sur les camps d’internement qu’il voulait présenter aux autorités de Vichy, ses interventions incessantes en faveur de telle ou telle personnalité exposée indisposaient l’équipe du président Roosevelt, attachée à maintenir les meilleurs rapports possibles avec le maréchal Pétain.

La sensibilité libérale d’Eleanor Roosevelt fut alors impuissante contre la loi des quotas de 1924, toujours en vigueur, peu favorable aux personnes expulsées par des régimes totalitaires, et contre l’influence de Breckinridge Long, sous-secrétaire d’État chargé de l’immigration et des problèmes des réfugiés, persuadant Roosevelt que « l’émigration risqu[ait] d’amener aux États-Unis des éléments de la « cinquième colonne » ou des communistes ».

De plus, assurer la relation entre les groupements américains aux buts très divers qui finançaient le centre et le département d’État, voulant tout contrôler et s’intéressant surtout à « un programme traditionnel de récupération des cerveaux » devenait de plus en plus difficile.

Arrêté le 29 août 1941 à Marseille, Fry fut expulsé de France à Perpignan, passa par l’Espagne et arriva à Lisbonne le 14 septembre. Il y resta six semaines afin d’assurer la liaison entre l’ERC et son équipe de Marseille, vérifier le fonctionnement d’une filière clandestine par l’Espagne en lien avec Emilio Lussu et resserrer les relations de son groupe avec l’Unitarian Service Committee. En effet, après son départ, le CAS poursuivit son action sous la direction de Daniel Bénédite, au grand jour jusqu’en juin 1942, puis dans la clandestinité, en association avec la Résistance intérieure, jusqu’à la Libération. Parvenu fin octobre à New York, Fry anima une réunion publique sur le sort des réfugiés en France et « la stupide politique » du Département d’État. Il publia dans The New Leader de mai 1942 un article sur « la politique [d’immigration] à courte vue du gouvernement américain », privant son pays de l’aide et des compétences des réfugiés antifascistes. Il dénonça dans The New Republic de décembre 1942 la passivité américaine face au « massacre des juifs » en Europe. Il mit aussi les points sur les i en mai 1943 à propos de l’action en Algérie du général Giraud, l’allié que le gouvernement américain préférait à de Gaulle, Giraud refusant de revenir sur l’abolition du décret Crémieux par le régime de Vichy.

« Brûlé » dans son propre pays, inquiété par la Commission des activités antiaméricaines en 1950, il se remaria cette année-là avec Annette Throth Riley après le décès de sa première épouse. En 1964, il revint en Europe à la demande de l’International Rescue Committee (une suite de l’ERC) : il fut en effet chargé de publier un volume de lithographies afin de commémorer le sauvetage des artistes et des intellectuels durant la Seconde Guerre mondiale. En 1966, après avoir rencontré André Malraux, alors ministre de la Culture, à la demande de ce dernier il fut fait chevalier de la Légion d’honneur par la France. Sa décoration lui fut remise le 12 avril 1967 au consulat de New York. Il décéda quelques mois plus tard.

 POUR CITER CET ARTICLE :

https://maitron.fr/spip.php?article205816, notice FRY Varian par Charles Jacquier et Jean-Kely Paulhan, version mise en ligne le 18 août 2018, dernière modification le 15 juillet 2019.

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Varian Fry, le journaliste américain qui sauva des milliers d’opposants au nazisme

February 26, 2018 9.07pm GMT

Author:Jean-Kely Paulhan / Docteur en histoire contemporaine, agrégé de Lettres classiques, Sciences Po

La Halle Saint-Pierre a consacré une exposition à Varian Fry en 2008.

La couverture de la 3ᵉ édition de Livrer sur demande. Agone

En 2008, le musée de la Halle Saint-Pierre à Paris consacrait une grande exposition au journaliste américain Varian Fry. Son action à Marseille en 1940-1941 est aussi racontée dans le roman de Jean Malaquais, Planète sans visa (1947). Il faut croire que l’homme entretient un courant de sympathie durable, à en juger par la réédition régulière de son récit, Livrer sur demande. Sa toute dernière édition (Marseille, Agone, 2017), qui coïncide avec le cinquantenaire de la mort de Fry, comporte une excellente préface, des notes efficaces, des articles écrits par Fry après son retour aux États-Unis, des notices biographiques, une bibliographie complète en français et en anglais, et des index.

Nous sommes en 1940. L’article 19 de la convention d’armistice stipule : « Le gouvernement français est tenu de livrer sur demande tous les ressortissants désignés par le gouvernement du Reich. » Marseille-Soir, le 25 juin, commente simplement : « Les clauses de l’armistice sont dures mais nullement déshonorantes », sans plus de précisions. Alors que des millions de gens ont fui sur les routes, que des millions de prisonniers sont acheminés vers l’Allemagne et que près de 100 000 soldats ont été tués en mai-juin 1940, ce point de l’accord d’armistice passe largement inaperçu. Par ailleurs, il n’y a plus de presse libre où l’évoquer et en débattre.

Varian Fry est alors un jeune journaliste, déjà remarqué pour ses livres ou ses rapports de qualité sur les questions internationales. Il participe à des cercles de réflexion et d’action américains très divers, qui ont en commun leur connaissance de la situation européenne depuis les années trente, et la conviction que leur pays doit tout faire pour soutenir les démocraties européennes, que ce devoir correspond aussi à son intérêt.

« Une des dernières actions de solidarité internationale du vieux mouvement ouvrier »

La préface – claire bien que détaillée – de Charles Jacquier, auteur de la citation ci-dessus, est indispensable pour comprendre la complexité (et les contradictions) des réseaux américains finançant l’Emergency Rescue Committee ; prudemment présenté aux autorités françaises comme le CAS ou Centre américain de secours de Marseille, chargé officiellement d’accorder des aides en argent ou en nourriture, il a pour but réel de soustraire à l’Allemagne nazie les intellectuels, artistes, opposants politiques, juifs ou non, puis les syndicalistes les plus menacés, pour lesquels Marseille, en zone non occupée, représente l’espoir d’une porte de sortie.

Ces réseaux américains comprennent des lieux prestigieux de pouvoir universitaire, entre autres la « New School for Social Research » de New York, aptes à organiser l’accueil de professeurs invités, les milieux d’immigrés juifs socialistes et syndicalistes d’Europe centrale, polonais (en particulier le « Bund »), de grands syndicats américains, l’AFL (« American Federation of Labor »), en rapport étroit avec l’AFGF (« American Friends of German Freedom ») qui fédère les associations d’exilés antifascistes et antinazis. Déterminante, l’influence du JLC (« Jewish Labor Committee »), dont l’argent va financer les opérations de sauvetage en France, qui incite l’AFL à « se mobiliser contre la destruction des mouvements ouvriers et socialistes européens ».

C’est l’AFL qui sera l’interlocuteur du département d’État et du président des États-Unis en 1940-1941. Ces milieux, très marqués à gauche mais anticommunistes (la guerre d’Espagne et le pacte germano-soviétique sont dans tous les esprits), le plus souvent francophiles, comprennent l’urgence de la situation.

La nomination de Fry à la tête du CAS a lieu très vite, faute de candidats et aussi parce qu’il a le profil idéal : germanophone, francophone et francophile, bon connaisseur de la France et de la situation européenne. Ses convictions antinazies s’enracinent dans une réflexion mûrie pendant plusieurs années d’études de journalisme et de relations internationales ; il a aussi assisté à un pogrom, le 15 juillet 1935, à Berlin (dont il a rendu compte quelques jours plus tard dans The New York Times)…

À Marseille, Varian Fry recrute une petite équipe, très dévouée : des Français (dont la plupart entreront dans la Résistance active avant et après son départ), des Américains, qui résident en France depuis longtemps, décidés à aider financièrement le centre en cas de coup dur.

Son action, efficace, trop efficace – il aura réussi à faire partir plusieurs milliers de personnes – se heurte à une double opposition. Il gêne Vichy et son intendant de police, Maurice Rodellec du Porzic, qui obtiendra son départ ; à la Libération, cet ancien capitaine de corvette devra répondre de son refus d’aide médicale aux internés du camp des Milles, de son comportement inhumain lors des rafles de Marseille en 1942-1943, mais insistant sur son obéissance à Vichy et à la puissance occupante, bien conseillé par un avocat, soutenu par des réseaux, il sera libéré en décembre 1945, « réintégré dans la Marine en novembre 1946, avec pleine reconnaissance de ses droits à la retraite » (Doris Obschernitzki, « L’intendant de police à Marseille, Maurice Rodellec du Porzic, et le camp des Milles », Cahiers d’études germaniques, printemps 1997, n° 32).

Fry gêne aussi le gouvernement américain, le département d’État et son représentant local, le consul des États-Unis, même si le vice-consul arrive à le soutenir tant bien que mal avant d’être muté (comme quelques policiers français, qui ont manifesté activement leur sympathie à Fry, malgré le danger) : les enquêtes sur les camps d’internement qu’il veut présenter aux autorités de Vichy, ses interventions incessantes en faveur de telle ou telle personnalité exposée indisposent l’équipe du président Roosevelt, longtemps attachée à maintenir les meilleurs rapports avec le maréchal Pétain.

La sensibilité libérale d’Eleanor Roosevelt est impuissante contre la loi des quotas de 1924, peu favorable aux personnes expulsées par des régimes totalitaires, contre l’influence de Breckinridge Long, sous-secrétaire d’État chargé de l’immigration et des problèmes des réfugiés, persuadant Roosevelt que « l’émigration risque d’amener aux États-Unis des éléments de la « cinquième colonne » ou des communistes ».

Enfin, assurer la relation entre les différents groupements américains qui financent le centre et le département d’État, préoccupé de tout contrôler et s’intéressant surtout à « un programme traditionnel de « récupération des cerveaux » », devient de plus en plus ardu.

Expulsé de France à l’automne de 1941, Varian Fry continue la lutte. Il publie dans The New Leader de mai 1942 un article sur « La politique [d’immigration] à courte vue du gouvernement américain », qui prive son pays des compétences des réfugiés antifascistes. Il dénonce dans The New Republic de décembre 1942 la passivité américaine face aux camps de concentration, met les points sur les i en mai 1943 à propos de l’action en Algérie du général Giraud, l’allié préféré à De Gaulle par le gouvernement américain.

Un homme dérangeant

Suspect dans son propre pays, où l’on considère qu’il a gêné la politique gouvernementale, inquiété par la Commission des activités antiaméricaines en 1950, il ne tire aucun avantage de son action courageuse. Apparemment, ses anciens « clients » européens ne se pressent pas, en 1964, de l’aider à publier un recueil de lithographies commémorant le sauvetage des intellectuels et artistes antinazis. Deux témoignages, dans les marges du livre, celui d’Albert Hirschman et celui de Hans Sahl, cité dans la préface, laissent entrevoir l a générosité, l’humanité et l’énergie qu’il a déployées alors.

Varian Fry a été contraint, pour mener à bien la mission qui lui avait été donnée et dans laquelle il s’est investi tout entier, d’aller à l’encontre de la politique du gouvernement américain de l’époque ; ce dernier, pénétré par des éléments antisémites, anticommunistes, voulait maintenir de bonnes relations avec Vichy à tout prix. L’arrêt de sa mission est aussi dû en partie à la mésentente régnant entre les différents commanditaires appartenant à la gauche américaine, même si l’évolution de la guerre impliquait l’expulsion de Fry, éventuellement son arrestation, à plus ou moins long terme. La France gaulliste, de son côté, ne semble pas non plus pressée de reconnaître un « héros » dont l’action met en lumière la part la plus noire de la collaboration d’État.

En 1967, quelques mois avant sa mort, le consulat français de New York le fait chevalier de la Légion d’honneur… Le procureur Mornet, accusateur du maréchal Pétain à son procès, qui avait fort efficacement, sous l’Occupation, présidé la Commission de dénaturalisation des juifs étrangers, qui permettait leur déportation, avait, quant à lui, été commandeur du même ordre…

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http://www.ajpn.org/juste-Varian-Fry-1158.html

Notice / Varian Fry

Fils d'un courtier de Wall Street, Varian Fry* découvre la politique à travers la grande crise de 1929.

En 1930, il manifeste contre le chômage à Broadway, à la tête des étudiants de Harvard, son université et fonde, avec d'autres étudiants, une revue intellectuelle et artistique.

Il rencontre Eilen Avery Hugues, de deux ans son aînée, rédactrice à la revue politico-culturelle Atlantic Monthly, qui partage ses opinions politiques libérales et qu'il épouse le 2 juin 1931. Varian Fry* a 23 ans et le couple s’installe à New York 56, Irvin Place.

Il entre dans le journalisme au lendemain de son mariage, en prenant la direction de Scholastic Magazine, puis se spécialise dans les affaires internationales en prenant la tête du mensuel The Living Age à partir de 1935.

Varian Fry* se rend en Allemagne en 1935 pour The Living Age et voit les nazis à l’œuvre.

Il est le spectateur impuissant de la violence nazie : alors qu'un Juif attablé dans un café s'apprête à saisir son verre, un jeune SA poignarde sa main sur la table.

Son engagement politique antifasciste est très net.

Il rejoint le Spanish Aid Committee, qui défend la cause des républicains espagnols.

A son retour à New York, Varian Fry* multiplie les articles et interviews dans le New York Times pour alerter l'opinion. Il publie un article incendiaire dans le New York Post illustré d’une photo de Goebbels (16 juillet 1935). La F.P.A. (Foreing Policy Association) lui confie alors la direction d’une collection de vulgarisation en sciences politiques : Headline Books. C’est une belle carrière qui s’annonce pour ce jeune homme d’une trentaine d’années. Il y renonce brutalement en 1940, au moment de l’effondrement de la France.

Partisan de la non-violence, Varian Fry* arrive à Marseille le 14 août 1940, deux mois après la défaite de la France et un an et demi avant que les États-Unis n'entrent dans la guerre. Marseille est en zone libre et le sud de la France sert de refuge provisoire à de nombreuses personnes.

A 33 ans, il est missionné par l'Emergency Rescue Committee (ERC) (Comité de sauvetage d'urgence), créée deux mois plus tôt à New York par des intellectuels libéraux et des antifascistes allemands, tel qu'Einstein, qui officie à Marseille sous le nom de Centre américain de secours (CAS) afin d'aider des intellectuels, artistes, écrivains et anti-nazis à fuir l'Europe.

Il dispose de 3 000 $ et d'une liste de 200 noms, la première liste (the first list), comprenant les personnalités les plus en vue du monde intellectuel, mais aussi les plus en danger (les « first listers ») ; parmi eux des peintres comme Ernst, Chagall ou Picasso, des écrivains comme Franz Werfel, des musiciens comme Casals, enfin tous les réprouvés de la culture par les régimes fascistes.

Il s'installe à l’hôtel Splendide, boulevard d’Athènes, puis au 60, rue de Grignan à Marseille, puis, à partir de janvier 1941, au 18 boulevard Garibaldi, il poursuit son action bien au-delà du but initial. Il est aidé par une équipe, composée de Français et d’étrangers, Miriam Davenport, Mary Jayne Gold, Dina Vierny (modèle d'Aristide Maillol) Daniel Bénédite, Albert Otto Hirschman, Charles Fernley Fawcett, Léon Ball, Jean Gemähling, Charles Wolff, Bil Spira (qui fabrique les faux papiers), Franz von Hildebrand, Paul Schmierer, Marcel Verzeano, Jacques Weisslitz et Hiram Bingham (Vice Consul américain à Marseille).

Malgré la surveillance du régime de Vichy, Varian Fry* cache de nombreuses personnes chez lui, à la Villa Air-Bel, une bastide surnommée Château Espère-Visa dans la banlieue de Marseille. André Breton raconte : « Durant l’hiver de 1940 à . Marseille Victor Serge et moi sommes les hôtes du Centre américain de secours aux intellectuels, avec les dirigeants duquel nous résidons dans une spacieuse villa de la périphérie Air-Bel. Nombreux, les surréalistes s’y retrouvent chaque jour et nous trompons du mieux que nous pouvons les angoisses de l’heure. Il vient là Bellmer, Char, Dominguez, Ernst, Hérold, Itkine, Lam, Masson, Péret, si bien qu’entre nous une certaine activité de jeu reprend par moments le dessus. C’est de cette époque que date, en particulier, l’élaboration à plusieurs d’un jeu de cartes dessiné d’après des symboles nouveaux correspondants à l’amour, au rêve, à la révolution, à la connaissance, et dont je ne parle que parce qu’il a l’intérêt de montrer ce par rapport à quoi, d’un commun accord, nous nous situons à ce moment. ».

Varian Fry* met en place une filière dont le but est de sauver un maximum de personnes en leur faisant franchir la frontière espagnole pour qu’elles passent ensuite au Portugal où elles pouvaient se procurer un visa, soit en leur faisant traverser la Méditerranée jusqu’en Afrique du Nord, agissant à la fois contre le gouvernement de Vichy et contre les directives américaines, pays encore neutre face au conflit européen.

Environ 2 000 personnes, dont un grand nombre d’artistes et d’intellectuels de nationalité allemande pourront ainsi se réfugier aux États-Unis, dont Hannah Arendt, André Breton, Marc Chagall, Max Ernst, Lion Feuchtwanger, Arthur Koestler, Anna Seghers, Victor Serge…

Varian Fry* est expulsé par le gouvernement de Vichy le 4 septembre 1941 par Vichy, accusé de "protéger les juifs et les anti-nazis", mais la filière fut poursuivie par son équipe jusqu'en juin 1942.

Varian Fry* se fit confisquer son passeport par les autorités américaines. Il dut quitter le territoire Français le 16 septembre 1941.

Varian Fry* reçoit la légion d’honneur de son vivant en 1967.

Il meurt à Easton (Connecticut) le 13 septembre 1967.

En 1991 le Conseil américain du mémorial de la Shoah lui attribua la Médaille Eisenhower de la Libération, en 1995, Varian Fry* est devenu le premier américain à devenir un Juste parmi les Nations. Il a également reçu la citoyenneté d'honneur d'Israël le 1er janvier 1998.

Lien vers le Comité français pour Yad Vashem

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Réseau de sauvetage (Varian Fry)

Léon Ball

Daniel Bénédite

Hiram Bingham

Miriam Davenport

Charles Fernley Fawcett

Lisa Fittko

Hans Fittko

Jean Gemähling

Mary Jayne Gold

Peggy Guggenheim

Albert Otto Hirschman

Paul Schmierer

Martha Sharp

Waitstill Sharp

Wilhelm Spira (dit Bil)

Roger Taillefer

Marcel Verzeano (dit Maurice Rivière)

Dina Vierny

Franz von Hildebrand (dit Franzi)

Jacques Weisslitz

Charles Wolff

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Familles hébergées, cachées, aidées ou sauvées par Varian Fry

Hannah Arendt

Jean Arp

Hans Aufricht

Hans Bellmer

Georg Bernhard

Victor Brauner

André Breton

Jacqueline Lamba Breton

Camille Bryen

Marc Chagall

Frédéric Delanglade

Oscar Dominguez

Marcel Duchamp

Heinrich Ehrmann

Max Ernst

Edvard Fendler

Marta Feuchtwanger

Lion Feuchtwanger

Leonhard Frank

Giuseppe Garetto

Oscar Goldberg

Émil Julius Gumbel

Hans Habe

Jacques-Salomon Hadamard

Konrad Heiden

Jacques Hérold

Erich Itor-Kahn

Berthold Jacob

Heinz Jolles

Arthur Koestler

Camilla Koffler 

Siegfried Kracauer

Wifredo Lam

Wanda Landowska

Lotte Leonard

Jacques Lipchitz

Alberto Magnelli

Alma Mahler

Jean Malaquais

Golo Mann

Heinrich Mann

Valeriu Marcu

André Masson

Roberto Matta

André Maurois

Walter Mehring

Alfredo Mendizabel

Otto Meyerhof

Boris Mirkine-Guetzévitch

Soma Morgenstern

Hans Natonek

Ernst-Erich Noth

Max Ophüls

Hertha Pauli

Benjamin Péret 

Alfred Polgar

Poliakoff-Litovzeff

Peter Pringsheim

Hans Sahl

Jacques Schiffrin (fondateur de la Bibliothèque 

de la Pléiade en 1923)

Anna Seghers

Victor Serge

Ferdinand Springer

Bruno Strauss

Sophie Taeuber Arp

Franz Werfel

Helen Wolff

Kurt Wolff

Alfred Wols

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VARIAN FRY

Légende:Varian Fry, journaliste américain engagé, envoyé en mission à Marseille par l'Emergency Rescue Comittee (ERC - Association de secours d'urgence) à la mi-août 1940

Contexte historique

Varian Mackey Fry est né à New York le 15 octobre 1907, dans une famille aisée de la côte est ; il parle peu de son enfance passée dans le New Jersey ; on sait seulement qu’il a eu une jeunesse dorée, qu’il a fréquenté diverses écoles, où il s’est montré un élève brillant, mais peu discipliné, passionné pour les arts et pour la littérature (ce qui explique en partie sa motivation pour la mission de 1940). A dix-neuf ans, il commence des études supérieures à Harvard (l’Université de Cambridge dans le Massachussets). Il se spécialise alors dans les lettres classiques avant de se tourner vers les sciences politiques, au niveau du troisième cycle, qu’il effectue à New York, à l’Université de Columbia. A vingt-trois ans, le 2 juin 1931, il épouse une journaliste de deux ans son aînée, Eileen Avery Hugues ; le couple s’installe à New York 56, Irvin Place.

Il entre dans le journalisme au lendemain de son mariage, en prenant la direction de Scholastic Magazine, puis il se spécialise dans les affaires internationales en prenant la tête du mensuel The Living Age à partir de 1935. Son engagement politique antifasciste est très net. Au retour d’un reportage à Berlin, il publie un article incendiaire dans le New York Post illustré d’une photo de Goebbels (16 juillet 1935). La F.P.A. (Foreing Policy Association) lui confie alors la direction d’une collection de vulgarisation en sciences politiques : Headline Books. En somme, c’est une belle carrière qui s’annonce pour ce jeune homme d’une trentaine d’années. Il y renonce brutalement en 1940, au moment de l’effondrement de la France.

Varian Fry a été chargé de mission parce que l’E.R.C. (Emergency Rescue Committee, Association de Secours d’Urgence) cherchait un volontaire. C’est un protestant ; il a sur lui une carte de la YMCA (Young Men Christian Association). Il dit qu’il fut le seul à s’engager, parce qu’il fallait avoir un certain sens du dévouement ; il s’agissait au départ d’une mission de reconnaissance dans la zone non occupée pour définir la situation des réfugiés étrangers, surtout des Allemands anti-nazis menacés d’être livrés par Vichy, sur simple demande des autorités d’occupation ou de la Gestapo, selon la clause 19.2 de la Convention d’Armistice (Surrender on Demand ou « Livraison sur Demande », c’est le titre des mémoires de Fry). Varian Fry est parti vers l’Europe avec une liste de 200 noms, la première liste (« the first list »), comprenant les personnalités les plus en vue du monde intellectuel, mais aussi les plus en danger (les « first listers ») ; parmi eux des peintres comme Ernst, Chagall ou Picasso, des écrivains comme Franz Werfel, des musiciens comme Casals, enfin tous les réprouvés de la culture par les régimes fascistes. On sait qu’en septembre 1940, Fry récupère les listes de Frank Bohn, le délégué de l’A.F.L. envoyé en Europe, qui rentre aux Etats-Unis après une sommation du département d’Etat ; cette liste comptait surtout des hommes politiques, comme Breitscheid et Hilferding (députés du Reischtag, livrés par Vichy au titre de l’article 19) 

.01/02/1941 - Rudolf Hilferding, ancien ministre allemand des finances, et Rudolf Breitscheid, ancien membre de la délégation allemande à la société des nations, sont arrêtés à Arles par la police vichyste, alors qu'ils tentent de rejoindre Marseille pour sortir de France avec l'aide du réseau de Varian Fry. Internés à la prison de la santé pour être livrés à la Gestapo, Rudolf Hilferding se suicidera le 10 février dans sa cellule et Rudolf Breitscheid sera déporté à Buchenwald ou il décédera en 1944.

La dernière période de la vie de Varian Fry a été marquée par l’obscurité. Convoqué le 15 juillet 1941 par l’intendant de Police de Marseille, Rodellec du Porzic, il est expulsé le 29 août de France pour avoir, lui dit-on, protégé « trop de juifs et d’anti-nazis ». Il séjourne quelques temps à Lisbonne où il reste en contact avec le C.A.S. par l’Unitarian Service Committee, dirigé par Charles Joy. En novembre 1941, il est à New York. Désavoué autant par le gouvernent américain que par ses propres mandataires de l’Emergency Rescue Committee, il a perdu son emploi au Foreign Policy Association. Après le décès de sa femme, il se remarie en 1950 avec Annette Riley, dont il a trois enfants. Après s’être essayé dans le cinéma publicitaire, il se consacre à l’enseignement des Lettres classiques dans un établissement secondaire.

Il meurt à Easton (Connecticut) le 13 septembre 1967.

D'après «l’Association Varian Fry France» et son site, consulté le 8 décembre 2014.

 Jean-Marie Guillon (sous la direction de), Varian Fry, du refuge ... à l'exil, Actes-Sud, Arles, 2000.

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Marseille sur les pas de Varian Fry, le premier « juste » américain

 (Elisabeth Blanchet |  Publié le 5 avril 2020 • Mis à jour le 8 avril 2020 à 14h17

https://www.voyageons-autrement.com/marseille-sur-les-pas-de-varian-fry-le-premier-juste-americain)

Le 22 juin 1940, la France capitule devant l’Allemagne. Les réfugiés anti-nazis qui depuis la fin des années se sont installés dans le sud-est de la France sont en danger. Des Etats-Unis, une mission s’organise pour essayer de sauver ces réfugiés. Un journaliste américain se porte volontaire pour mener à bien cette mission sur place, à Marseille. Il s’appelle Varian Fry, débarque dans la cité phocéenne en juillet 1940 et en moins d’un an, il sauve plus de 2 000 personnes en les faisant fuir l’Europe nazie. Balade marseillaise sur les pas de celui qui devint le premier « juste américain parmi les nations ».

De New York à Marseille en passant par Berlin

Rien ne prédestinait vraiment Varian Fry à devenir un « héros de la Résistance Française ». C’est pourtant ce titre qui figure aujourd’hui sous son nom sur la plaque bleue de la petite place adjacente au Consulat des Etats-Unis à Marseille. C’est en sauvant plus de 2,000 personnes de probables déportations dans les camps d’extermination nazis que Varian Fry a obtenu ce titre.

Varian Fry enfant © Public Domain

 

Tout démarre en 1935 quand Varian Fry se rend à Berlin pour découvrir l’Europe. Jeune diplômé d’Harvard, il a 27 ans. Assis à une terrasse de café, il est témoin d’une scène qui le bouleverse. Un homme assis à côté de lui se fait agresser par deux jeunes membres de la SA (Section d’Assaut précurseur des SS). Ils lui reprochent d’avoir une tête de Juif. L’homme ne bronche mais au moment de prendre son verre, l’un des agresseurs lui plante un couteau dans la main. Varian Fry n’oubliera jamais cet événement. De retour à New York, traîner avec des intellectuels anti-nazis ne lui suffit plus. Il veut agir et rejoint l’Emergency Rescue Committee – ERC -, un organisme indépendant dont le but est de sauver en priorité des artistes et des intellectuels qui ont fui l’Allemagne nazie pour se réfugier en France. Ils établissent une liste, réussissent à obtenir du gouvernement américain des centaines de visas d’urgence d’entrée aux Etats-Unis. L’aide précieuse de madame Roosevelt leur permet d’en obtenir encore plus. Il reste à envoyer quelqu’un sur le terrain pour sortir les réfugiés de France.

 


Varian Fry et une de ses aides précieuses, Miriam Davenport © Public Domain

 

Le Marseille de Varian Fry

Varian Fry se porte volontaire et arrive à Marseille le 14 août 1940. Il a 32 ans. Du haut des marches de la gare Saint-Charles, il voit la ville pour la première fois. La Bonne Mère veillera sur lui.

 

Du haut des escaliers de la gare Saint-Charles © Elisabeth Blanchet

Il s’installe à une centaine de mètres à l’hôtel Splendide – aujourd’hui le CRDP – boulevard d’Athènes. Sa chambre d’hôtel devient son premier QG.


L’ancien hôtel Splendide, aujourd’hui CRDP bd d’Athènes © Elisabeth Blanchet

Il se met tout de suite au travail. Il n’y a pas de temps à perdre. Il crée le Centre Américain de Secours (CAS) dont le but officiel est d’apporter aux réfugiés de l’aide alimentaire et financière. Il fait savoir qu’il est dans le coin et les réfugiés ne tardent pas à faire la queue dans le hall de l’hôtel. Officieusement, ce sont de faux papiers qu’il fournit aux gens de la liste établie par le ERC… De faux papiers pour que ces derniers puissent fuir vers les Etats-Unis ou le Mexique via l’Espagne puis le Portugal.

Mais Varian est vite débordé. Des compatriotes américains basés à Marseille lui apportent une aide précieuse ainsi que des Français et d’autres Européens. Parmi eux, le vice-consul des Etats-Unis, Hiram Bingham IV, l’Allemand Albert Hirschman – qui deviendra aux Etats-Unis un économiste célèbre – et le resistant français 

La direction de l’hôtel Splendide n’apprécie pas trop cette affluence de faux clients. Varian doit déménager. Il trouve un bureau au 60 rue Grignan d’où il continue à mener ses opérations avec succès de septembre 1940 à janvier 1941. Le bouche à oreille fonctionne et la liste s’allonge. Varian manque de nouveau de place et prend un bureau plus grand au 18 Boulevard Garibaldi. Il y reste jusqu’au moment où il est interpelé par les autorités françaises puis expulsé en juin 1941.

La liste de Fry

La menace pèse sur Fry depuis son arrivée mais il réussit à tenir dix mois, dix mois pendant lesquels plus de 2 000 réfugiés juifs et non-juifs, des opposants au Troisième Reich et à Vichy purent fuir le pays. Parmi eux, les noms d’illustres personnalités : Marc Chagall, André Breton, Max Ernst, Hannah Arendt, Heinrich Mann, Max Ophüls, Otto Meyerhof, Marcel Duchamp, Alma Mahler Werfel, Jacque Lipchitz… Varian Fry, sous surveillance constante, a une vie chargée en décharges d’adrénaline et en rencontres fascinantes. Il vit à la Villa Air-Bel – aujourd’hui rasée et transformée en barre d’immeubles dans le 11 ème arrondissement de Marseille – avec André Breton et d’autres artistes et intellectuels. Son départ forcé le déprime. De retour aux Etats-Unis, il écrit à l’ancien gardien de nuit de ses bureaux marseillais : « j’étais vraiment triste de vous quitter, vous et tous mes amis, plus triste peut-être que vous en me voyant partir car vous n’avez perdu qu’un ami et moi je les ai tous perdus ».

Plus dur fut le retour

Tandis que Daniel Bénédite continue la mission du Centre Américain de Secours jusqu’en juin 1942, Varian Fry revient difficilement dans la « vie normale ». Il rentre dans le professorat et enseigne le latin dans une école privée jusqu’à sa mort prématurée en 1967 à 60 ans. « Ce qui est vrai pour la plupart des sauveurs s’est aussi appliqué à l’histoire de Varian Fry. Ceux qu’il a sauvés n’ont en majorité pas maintenu le contact. Peu de longues amitiés se sont tissées à Marseille. Elles étaient circonstancielles et n’ont pas survécu à la transplantation dans le Nouveau Monde. Seuls les liens serrés avec ceux qui ont apporté une aide précieuse à Fry sont restés« , conclut Pierre Sauvage, directeur du Varian Fry Institute et de la Fondation Chambon. En attendant, une balade hors des sentiers battus sur les pas de Fry donne un autre vision de la ville, via la « filière marseillaise ».

                                                         La Filière Marseillaise par Daniel Bénédite

Pour en savoir plus

Pierre Sauvage prévoit la sortie d’un film documentaire sur Varian Fry à Marseille en 2020 : And Crown They Good, Varian Fry in Marseille et vous pouvez lire les mémoires de Fry en anglais : Varian Fry’s memoirs : Surrender on Demand by Varian Fry, The United States Holocaust Memorial Museum, 1997. Pour visiter New York, profitez du portail Bonjour New York

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film: VARIAN'S WAR 2001

Comme son titre français québécois l’indique, Varian Fry, un héros oublié, aborde le rôle méconnu joué durant la Seconde Guerre mondiale par un journaliste américain qui vint en aide à des centaines d’artistes et d’intellectuels pour les sauver des griffes du nazisme. Coproduit par le Québec, le Royaume-Uni et les États-Unis (Barbra Streisand ayant participé au financement), et entièrement tourné à Montréal, Varian’s War a été écrit et mis en scène par le réalisateur canadien Lioney Chetwynd, aussi connu pour son médiocre Two Solitudes (1977). Bien que principalement destiné au marché de la télévision, ce drame historique de qualité eut droit à une brève sortie en salle à Montréal en juin 2001.

En France, le film fut édité en DVD sous le titre Héros de l’ombre.

La version doublée en français de Varian’s War est disponible en VOD sur la chaîne YouTube Encore +.

Critiques d’époque

Le film est plutôt bien interprété, notamment par Julia Ormond en femme de chair et de feu, brave, fantasque et séduisante. Elle sera l’élément le plus vivant de la distribution. Le problème du film réside dans son rythme assez monocorde, son scénario qui peine à trouver ses moments forts et à créer des rebondissements. Pire, il a du mal à susciter l’émotion sur une trame aussi brûlante. (Odile Tremblay, Le Devoir, 9 juin 2001, p. C4)

L’aventure méconnue de ce Varian Fry méritait largement d’être relatée d’une manière ou d’une autre. Et malgré ses faiblesses (qui n’en seront plus à la télé) le métrage de Chetwynd vaut d’être vu, ne serait-ce que pour la grande leçon qu’il enseigne. (Aleksi K. Lepage, La Presse, 9 juin 2001, p. C7)

Résumé

Varian Fry, un dandy Américain issu d’une riche famille new-yorkaise, est témoin du massacre des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Dégoûté, le journaliste commence les démarches pour attirer l'attention sur ce drame à son retour au pays. Grâce au support de quelques amis influents, il se met à collecter des fonds pour rapatrier les personnalités juives et les sauver de l'Holocauste. Une fois installé à Marseille, ce héros très discret - dont on ne connu jamais vraiment les motivations - monta un complexe réseau d'exfiltration qui sauva au total plus de 2 000 écrivains, intellectuels et scientifiques juifs. Marc Chagall, Hannah Arendt, Franz Werfel et sa femme Alma Mahler, Max Ernst ainsi que Heinrich Mann en faisaient partie. En septembre 1941, Varian Fry fut expulsé de France par le gouvernement de Vichy, mais sa filière poursuivra ses activités jusqu'en juin 1942.

©Charles-Henri Ramond

Distribution

William Hurt, Julia Ormond, Lynn Redgrave, Michael Rudder, Sheena Larkin, David Francis, Ted Whittall, Joel Miller, Élyzabeth Walling, John Dunn-Hill, Vlasta Vrana, Matt Craven, Alan Arkin et aussi Rémy Girard, Dorothée Berryman, Guillaume Lemay-Thivierge, Pascale Montpetit dans des rôles secondaires

Infos DVD/VOD

Varian's War a été édité en formats VHS et DVD au Québec, en plus d'être disponible en VOD gratuitement.