Doi literati cu diplome de ingineri: carinthianul Musil si vienezul Broch
De 1972 à 2000
En 1972, après avoir mis en chantier le numéro 21, consacré à De Gaulle, Dominique de Roux quitte L’Herne pour fonder les « Dossiers H », aux éditions l’Âge d’Homme à Lausanne. C’est alors son associé, Constantin Tacou, cinéaste macédo-roumain à l’Unesco et élève de Georges Dumézil, qui prend le relais. L’Herne se tourne alors vers l’Est avec une série d’auteurs tels que Thomas Mann (1973), Fiodor Dostoïevski (1974), Karl Kraus (1975), Gustav Meyrink (1976), Robert Musil (1982), Carl Gustav Jung (1984), Friedrich Hölderlin (1989), ou Friedrich Nietzsche (2000). L’Herne ouvre aussi ses portes au fantastique – Edgar Allan Poe (1974), Jules Verne (1974) ou Jean Ray (1980) – sans pour autant négliger les contemporains, en commençant par Mircea Eliade (1977), puis Raymond Abellio (1980), Henry Corbin (1981), Francis Ponge (1986) et Emmanuel Levinas (1991). Fin 2000, Constantin Tacou sort son dernier Cahier, le numéro 74, consacré à August Strindberg (2000). Son dernier projet d’éditeur, un Cahier Cioran, paraît en 2009.
À partir de 2000, Laurence Tacou, journaliste, succède à son père à la direction de la maison d’édition qui déménage de la rue de Verneuil pour s’installer au pied de l’Institut, au 22 rue Mazarine. Désormais, L’Herne consacre plus particulièrement ses Cahiers à des philosophes et écrivains contemporains. Les grandes monographies critiques continuent à prendre le contre-pied des courants en vogue. Avec les Cahiers, l’accent est mis sur des contemporains, et en particulier sur des philosophes, penseurs critiques et romanciers tels que : Mario Vargas Llosa (2003), George Steiner (2003), Paul Ricoeur (2004), Claude Lévi-Strauss (2004), Jacques Derrida (2004), Marguerite Duras (2005), Carlos Fuentes (2006), Noam Chomsky (2007), Cioran (2009), Michel Déon, (2009), Yves Bonnefoy (2010), Charles Maurras (2011), Colette (2011), Patrick Modiano, Roger Nimier, Isaac Bashevis Singer (2012).
Simone de Beauvoir et Georges Simenon inaugurent l’année 2013. Depuis 1963, plus de quatre mille collaborateurs, écrivains, universitaires et traducteurs du monde entier ont contribué aux Cahiers, créant ainsi, loin des sentiers battus, une institution sans doute unique en son genre. En 2003, l’homme d’affaires Alain Duménil entre au capital de L’Herne. Il est également le mécène d’un prix littéraire, le prix Duménil, qui, chaque année, consacre un auteur de langue française. Alain Duménil est par ailleurs l’auteur de plusieurs romans. Une nouvelle collection, les « Carnets de L’Herne », ouvre depuis 2005 une petite porte éclectique à de grands textes contemporains ou classiques, souvent méconnus, rares, ou inédits à ce jour. L’Herne consacre également une collection, « Essais », aux textes de grands penseurs modernes et contemporains. Gardant le cap sur la ligne éditoriale qui fait sa réputation, L’Herne choisit des textes éclectiques par leurs sujets, allant bien souvent à contre-courant de la norme et des idées reçues. En 2012 paraît la collection dernière-née des éditions, « Cave Canem ». Cave Canem propose une tribune aux dissidents et contestataires de tous pays qui s’élèvent, parfois au péril de leur vie, contre la tyrannie des États, des marchés et des idées reçues. Le premier numéro de cette petite collection dénonce, sous la plume du célèbre champion d’échec Garry Kasparov, les exactions du régime russe menées par Vladimir Poutine.
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Hermann Broch: opera in traducere franceza
LES SOMNAMBULES,
Hermann BrochFiche de lecture
Publiée en 1931-1932, cette trilogie romanesque (1888, Pasenow, ou le Romantisme; 1903, Esch, ou l'Anarchie ; 1918, Huguenau, ou le Réalisme) est l'œuvre la plus accomplie et la plus connue du romancier autrichien Hermann Broch (1886-1951). Il ne s'agit pas, cependant, d'un roman viennois comme L'Homme sans qualités (1930-1952) de Musil, puisque les trois parties des Somnambules se déroulent en Allemagne. C'est la problématique d'ensemble de l'œuvre qui apparaît comme représentative de la « crise de l'identité » omniprésente dans les grandes œuvres narratives et théoriques de la « modernité viennoise ».
Une trilogie de la décadence
Milan Kundera, en qui Hermann Broch a trouvé son plus subtil interprète, résume ainsi dans L'Art du roman la première partie des Somnambules : « L'attachement sentimental aux valeurs héritées, à leur résidu atavique, c'est l'attitude de Joachim Pasenow. » Ce rejeton d'une lignée de hobereaux prussiens, qui ne se sent à l'aise que dans son uniforme d'officier, est partagé entre l'aspiration à un amour idéal et asexué et l'attachement purement sexuel à sa maîtresse.
Le monde des valeurs dans lequel il s'efforce de donner un sens à son existence est un édifice ruiné dont seule la façade tient encore debout.
Esch, ou l'Anarchie décrit, toujours selon Kundera, « le fanatisme d'une époque sans Dieu ». Ce comptable qui a découvert une erreur frauduleuse dans les registres de son entreprise livre un combat personnel, porté par une ardeur messianique – ou don quichottesque –, pour la rectification de cette fraude : « Donc les inventaires étaient truqués, donc il fallait livrer cet homme à la justice. Oui, le simple devoir civique commandait une dénonciation immédiate. La lettre venait de tomber dans la boîte avec un bruit mou et étouffé et Esch, le doigt encore dans la fente, se demanda s'il fallait aller tout droit à la direction de la police. Indécis, il fit quelques pas au hasard. » Plus largement, Esch lutte pour la rectification du grand registre comptable de la Création qui lui semble fourmiller d'erreurs. Sa justice, son ordre, Esch espère les trouver tantôt dans la lutte syndicale, tantôt dans la religion réduite à un mysticisme erratique et sectaire, tantôt dans le pouvoir policier et la terreur. Finalement il se résigne à un mariage petit-bourgeois avec une tenancière de bistrot.
La troisième partie des Somnambules, Huguenau, ou le Réalisme, est la plus longue et la plus complexe. Plusieurs types d'écriture s'entremêlent : l'essai théorique sur « La Dégradation des valeurs », le dialogue dramatique et quelques passages poétiques voisinent avec une narration polyphonique. Alors que les deux premières parties retraçaient le destin d'un protagoniste, la troisième tresse plusieurs fils narratifs : l'histoire de la « pauvre fille de l'Armée du Salut » de Berlin, Marie, et de sa liaison amoureuse avec le Juif Nuchem ; l'histoire du jeune lieutenant Jaretzki, victime de la Grande Guerre, amputé d'un bras, et qui noie son désarroi dans l'alcool ; l'histoire d'Hannah Wendling, dont la relation conjugale dépérit et la condamne à la solitude ; l'histoire du maçon Gödicke qui a failli mourir enterré par accident et qui, ramené à la vie, doit rebâtir un monde habitable.
Huguenau, dont le destin domine cette troisième partie, incarne l'individu au stade final de la dégradation des valeurs. Il est le prototype d'une époque, celle de 1918, que Broch désigne par la notion de Sachlichkeit, traduite par « réalisme », qui fait songer à la nouvelle objectivité de la peinture expressionniste et que l'on pourrait aussi traduire par cynisme.
Les Somnambules / Kundera lecteur de Broch
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