sâmbătă, 19 aprilie 2025

Simon Sebag Montefiore

 

L'homme qui a écrit Le Monde : Tanya Gold rencontre Simon Sebag Montefiore

Le célèbre historien prend le thé avec notre chroniqueur pour porter un toast à son nouveau livre historique sur… tout

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Thé et sympathie : Tanya Gold interviewe Simon Sebag Montefiore

Je rencontre Simon Sebag Montefiore au Ivy à Kensington. Il entre rapidement dans une veste et une casquette – son code vestimentaire est mi-propriétaire, mi-radical – mais je ne l'ai jamais vu immobile.

Je le trouve charmant, constamment en mouvement et détaché. Son superbe Staline : La cour du tsar rouge, Jérusalem et Catherine la Grande et Potemkine sont riches, intenses et d'une lisibilité étonnante. (La critique habituelle de Montefiore est aussi la raison pour laquelle j'aime son écriture : il écrit comme un journaliste.) Maintenant, il a voyagé plus loin. Pendant la pandémie, il a écrit The World: A Family History, qu'il décrit comme une histoire «de l'âge de pierre à l'âge des drones».

Ici, il retrace les familles et les empires, ignorant l'accent habituel mis sur l'Europe et l'Amérique du Nord, traitant les Juifs comme un autre peuple de la diaspora et une nation aspirante, comme le descendant d'une célèbre famille juive - Sir Moses Montefiore était un personnage Zelig qui a fondé le nouveau ville de Jérusalem — ses ancêtres, qui étaient mexicains, marocains et lituaniens, apparaissent en notes de bas de page.

Il y a quelque chose d'apaisant dans l'histoire mondiale ; aussi mauvaises que soient les choses, nous ne vivons pas au 14ème siècle.

Le Monde est presque narcotique à lire. L'histoire mondiale vous fait penser en séquences, en schémas voyants.

Comme l'écrivait feu Hilary Mantel, une écrivaine qu'il aimait (aux côtés de John Le Carré) : « Sous chaque histoire, une autre histoire ». Nous ne serions pas dans l'Ivy, par exemple, si son père ne lui avait pas remis A Study of History en 12 volumes d'Arnold J. Toynbee et si l'Union soviétique n'était pas tombée.

On boit du thé dans le coin — il connaît le personnel — et il me dit qu'il était « un nerd espiègle », enfant, « vraiment très étrange, il n'y a aucun doute là-dessus ». Il a « tout lu ».

Son père lui a donné le Toynbee quand il avait sept ans et lui a dit : "Peut-être qu'un jour tu écriras quelque chose comme ça."

Il a fait ses études à Harrow et Cambridge et pensait qu'il serait un politicien.

"J'ai interviewé Thatcher quand j'étais écolier", dit-il. "J'étais très sceptique, alors je lui ai donné du fil à retordre. Elle a dit à sa secrétaire particulière : "Je ne donne plus d'interviews à des écoliers turbulents", alors j'ai tout gâché pour tout le monde.

Il n'a pas l'air mécontent de ça. Les historiens traitent tout le monde de la même manière.

Au lieu de cela, il est devenu banquier à New York. Bien sûr, c'était trop ennuyeux pour lui. "Je n'appartenais pas complètement à ce monde", dit-il, et je suis fasciné par la mise en garde "complètement".

Il est plus culturellement juif que religieux. "Je ne suis pas un partisan massif de la religion organisée", dit-il - bien qu'il prie à Kol Nidre - et ajoute que "les Juifs reflètent à la fois leur époque et ils reflètent souvent leur place aussi".

C'est un Juif très britannique, qui s'est marié dans une vieille famille anglaise; sa femme est la romancière Santa Palmer-Tomkinson et il est un ami du roi Charles III.

"J'ai toujours été obsédé par la Russie et l'Union soviétique et quand ça a commencé à se désintégrer, je me suis dit : 'Je dois le voir arriver et alors j'y suis allé'", dit-il. « Ça a été une grande libération parce qu'avant j'avais une vie assez conventionnelle.

« C'est une formation essentielle pour les historiens de voir des empires tomber et cela n'arrive pas très souvent. Et je l'ai vraiment vu : j'ai vraiment vu le genre de vie que je voulais vivre, une vie d'aventure.

Il aimait "voir les troupes russes partir et les troupes locales saisir leurs armes et conduire avec des seigneurs de la guerre dans leurs convois montés sur des fusils de chasse".

C'est pourquoi, je pense, malgré son charme — il est bavard et amusant — il semble presque ailleurs, un autre Montefiore Zelig.

Il est impossible de rendre justice à The World ici; c'est un livre sur tout et nous n'avons qu'une heure.

On se repose sur la dynastie Cromwell parce qu'elle est plus intéressante que les Tudors ("L'Angleterre n'était pas très importante à l'époque Tudor, et je m'ennuie d'eux") et Cromwell a laissé les Juifs revenir. Il aime aussi le duc de Naxos, conseiller juif de Soliman le Magnifique.

« Une puissance mondiale à part entière », dit-il. "C'est le genre de personnage que j'apprécie vraiment. Il a traversé de nombreux mondes différents. Je soupçonne qu'il s'identifie.

Nous établissons que Jérusalem était le modèle pour Le Monde. "Jérusalem est en couches", dit-il, absorbé par le souvenir, "et c'est ce qui est fascinant, il y a couche sur couche. Ce n'est pas seulement superposé mais entrelacé.

"Les gens ont pris des morceaux des bâtiments des autres, les ont utilisés pour construire de nouveaux bâtiments, de nouveaux murs, de nouvelles arches, parfois vous les voyez même à l'envers : l'inscription de quelqu'un a été enfoncée à l'envers dans le mur de quelqu'un d'autre. Et ce n'est pas qu'une métaphore. C'est un thème.

"A Jérusalem, les gens se volent les histoires. La religiosité est contagieuse. Les gens cherchent à l'imiter, à le battre, à le posséder. C'est un peu gourmand, mais cela a aussi façonné cet endroit étrange.

Il a raconté l'histoire de Jérusalem à travers les familles, et il s'est rendu compte que cela résoudrait aussi le problème du Monde : comment ne pas le réduire à « une succession de batailles et de tendances économiques ».

Il parle avec aisance de l'histoire, traversant les siècles en un paragraphe. « L'utilisation des familles vous donne une idée du courage de la vie », dit-il, « du progrès du mouvement des générations, de la façon dont l'histoire est composée de la vie de nombreuses personnes qui se marient, qui mangent, qui chantent dans la rue, qui meurent.

Elle lui permet aussi « de suivre l'émergence des États, les destinées des nations, des baronnies et royaumes féodaux aux premiers États modernes, puis aux États, puis aux États hybrides industrialisés et aux États démocratiques. La famille » – et ce paragraphe parfait se termine parfaitement – ​​« reste un thème constant ».

Je l'interroge sur sa famille, car toute histoire du monde est une histoire de cruauté (il cite Hagel : « L'histoire est un banc de boucherie ») mais aussi d'amour. Il me raconte qu'un an après le début de leur relation, le Père Noël, qu'il qualifie de "très exubérante", lui a dit que s'il proposait un jour, elle se convertirait au judaïsme.

"C'était vraiment important pour moi", dit-il, "plus important pour moi que je ne le laisse entendre, et elle a deviné que c'était important pour moi. Je ne lui ai jamais demandé de se convertir mais quand elle m'a proposé, j'étais ravie car cela me permettait de le faire. J'ai fait semblant d'y prêter très peu d'attention », — je soupçonne que c'est typique — « et j'ai téléphoné à ma mère pour lui dire : 'Tu ne vas pas croire ce qu'elle a dit.' Comme n'importe quel garçon juif le ferait.

Ils se sont mariés à la synagogue juive libérale de St John's Wood. Il portait un chapeau haut de forme.
Il est tentant de traiter l'historien Montefiore comme un devin qui peut lire l'avenir aussi facilement que le passé — un jouet — et je lui demande : qu'adviendra-t-il d'Israël ?

"Il va prospérer et prospérer, faire de plus en plus partie du Moyen-Orient", dit-il, "de plus en plus comme un pays arabe, plus de gens y seront pratiquants. Je pense que cela durera comme une sorte de démocratie chaotique désordonnée idiosyncratique : une puissance de l'Asie occidentale ou de la Méditerranée orientale comme la Turquie, comme l'Égypte, comme l'Arabie saoudite.

Il ne s'inquiète pas non plus du Brexit, mais si vous connaissez Ivan le Terrible, rien ne vous fera passer des nuits blanches.

"J'ai voté pour rester", dit-il, "mais je ne fais pas partie de ces gens qui sont dans une sorte de frénésie à propos de ce qu'est un Brexit catastrophe.

« Je pense que c'est comme ça qu'on évite les révolutions : on a des démocraties qui prennent des décisions, les gens votent et changent les choses, c'est comme ça qu'on se défoule, c'est comme ça qu'on évite la violence. être considéré comme un événement plutôt mineur. Nous pourrions, " il s'arrête pour réfléchir, " nous rapprocher à nouveau de l'Europe ".

Il ajoute : "Les démocraties vont probablement s'en sortir. C'est toujours le meilleur système. Je ne pense pas que nous allons bientôt nous retrouver avec une dictature en Grande-Bretagne." De manière fascinante, il pense que la monarchie est en partie à remercier pour cela.

« Depuis le début du XIXe siècle, les Windsor sont devenus les garants de la démocratie britannique, la personnification de la démocratie libérale britannique, c'est pourquoi ils ont perduré. Pour éviter la menace de dictateurs trop puissants, même élus, devenant trop puissants.

"Il y a toujours la menace Trump." Il s'inquiète cependant du changement climatique - "tout le monde sait ce qu'il doit faire, la question est de savoir s'il le fera ?" — et la menace nucléaire :

« Nous sommes à la veille d'une ère beaucoup plus nucléaire. Il mentionne le principe de Tchekhov du fusil accroché au mur : il finira par tirer.L'heure
est presque terminée, et je lui demande, de tous ceux sur lesquels il écrit, qui il veut rencontrer.

"Je veux rencontrer tout le monde", dit-il rapidement, et je me sens stupide de demander. Mais il y a un endroit où ce Zelig s'installerait : dans le cercle royal de Bagdad, entre - et il est très précis - 750CE et 900CE.

j« J'aurais adoré être écrivain à cette époque », dit-il. "Le temps des mille et une nuits." Bref, il a l'air mélancolique. "J'aime à penser que je me serais bien intégré."
 est publié par W&N (£35) et maintenant disponible

Kavafis

 


Spre Ithaca
poezie de Konstantinos Kavafis 




Cand vei pleca înspre Itaca
fie-ți lunga călătorie
plină de aventuri, plină de învățaminte
Nu te teme de Lestrigoni si de Ciclopi, nici de furiosul Poseidon;
Nu-i vei întâlni în drumul tău dacă
te vei înălța cu gândul, dacă simțirea-ți
nicicând nu îți va părăsi trupul ți sufletul.
Lestrigoni si Ciclopi, nici furiosul Poseidon
nu îti vor ieși în cale
dacă tu însuți nu-i vei purta cu tine-n suflet,
dacă nu-ți vei așeza sufletul înaintea pașilor lor.
Sper ca drumul sa-ți fie lung,
fie-ți multe diminețile de vară,
Iar plăcerea de a zări primele porturi
să-ți aducă o bucurie de nespus.
Încearcă să vizitezi emporiul Feniciei
culege tot ce e mai bun.
Du-te în orașele Egiptului
învață cu un popor ce are atâtea să te-nvețe.
Nu pierde Itaca din vedere,
căci ținta ta e să ajungi acolo.
Dar nu-ți grăbi pasii;
e mai bine calatoria-ți să dureze ani,
iar corabia-ți să ancoreze pe insulă
cand te vei fi-mbogațit deja
cu tot ce ai cunoscut pe drum.
Nu aștepta ca Itaca să-ți dea alte bogatii.
Itaca ți-a dăruit deja o călătorie minunată;
fără Itaca , niciodată nu ai fi plecat.
Þi-a dăruit deja totul și nimic nu mai are de dat.
Și dacă la sfârșit vei crede că Itaca e săracă,
să nu gândești că te-a înșelat
pentru ca vei fi devenit un înțelept, vei fi trăit o viață plină,
și acesta este înțelesul Itacăi.


Cavafy

 Constantine Cavafy

Constantin Cavafy
Constantin Cavafy

Constantin Cavafy ou Cavafis, connu aussi comme Konstantinos Petrou Kavafis, ou Kavaphes (en grec Κωνσταντίνος Πέτρου Καβάφης), est un poète grec né à Alexandrie en Égypte le 29 avril 1863 et mort dans la même ville le 29 avril 1933. Très peu connu de son vivant, il est désormais considéré comme une des figures les plus importantes de la littérature grecque du xxe siècle. Il fut fonctionnaire au ministère des travaux publics d'Alexandrie, journaliste et courtier à la bourse d'Alexandrie.

"Il n'a pas, comme Verlaine, réservé son inspiration érotique à un petit nombre de poèmes ; ni, comme Cocteau, caché dans un tiroir le récit de ses amours ; ni, comme tant d'autres, tenté de séduire le public par des mensonges en accord avec le goût dominant. Il n'a pas non plus, comme Whitman, noyé sa passion des corps virils dans une exultation démocratique et républicaine du "compagnonnage" universel. Cavalfy est à ce jour le plus grands des poètes homosexuels, justement parce qu'il a eu le courage d'être uniquement, exclusivement, poète homosexuel, sans concessions, à l'opinion, sans faux-fuyants, sans justifications : exaltant la beauté des jeunes hommes et la joie de la possession, "sans honte absurde quant au genre de plaisir." "Dominique Fernandez, Le Rapt de Ganimède, Grasset, p.256)

Autant qu’il te sera possible

Et si tu ne peux mener ta vie comme tu le désires,
essaye au moins ceci, autant
qu’il te sera possible : ne l’avilis pas
dans un trop grand commerce avec le monde,
dans tout ce mouvement, tous ces discours.

Ne l’avilis pas, en l’exposant –
en la traînant ainsi et la compromettant –
à la sottise quotidienne
des relations et des fréquentations,
jusqu’à en faire une étrangère fastidieuse

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Constantin Cavafy – La Ville

Par Ruedelapoesie @ruedelapoesie

Constantin Cavafy – La Ville
Traduit du grec par M Yourcenar et Constantin Dimaras
Tu dis : « J’irai vers d’autres pays, vers d’autres rivages. Je finirai bien par trouver une autre ville, meilleure que celle-ci, où chacune de mes tentatives est condamnée d’avance, où mon cœur est enseveli comme un mort. Jusqu’à quand mon esprit résistera-t-il dans ce marasme ? Où que je me tourne, où que je regarde, je vois ici les ruines de ma vie, cette vie que j’ai gâchée et gaspillée pendant tant d’années.»
Tu ne trouveras pas de nouveaux pays, tu ne découvriras pas de nouveaux rivages. La ville te suivra. Tu traîneras dans les mêmes rues, tu vieilliras dans les mêmes quartiers, et tes cheveux blanchiront dans les mêmes maisons. Où que tu ailles, tu débarqueras dans cette même ville. Il n’existe pour toi ni bateau ni route qui puisse te conduire ailleurs. N’espère rien. Tu as gâché ta vie dans le monde entier, tout comme tu l’as gâchée dans ce petit coin de terre. »
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Ithaque – Constantin Cavafy (1863-1933)

Garde toujours Ithaque en ta pensée.

Y parvenir est ta destination ultime.

Mais ne te hâte point dans ton voyage ;

Mieux vaut qu’il dure de longues années,

et que, vieillard, enfin tu abordes dans l’île,

riche de ce que tu auras gagné sur ton chemin,

sans espérer qu’Ithaque t’offre des richesses.

Ithaque t’a donné le beau voyage,

sans elle, tu ne te serais pas mis en route,

Ithaque n’a plus rien à te donner.

Et, quoique pauvre, elle ne t’aura point déçu.

Car, devenu sage, riche de tant d’expérience,

tu as, certes, dû comprendre ce que les “Ithaques” signifient.

Ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage

Parmi les nombreux mythes littéraires, celui d’Ulysse est peut-être l’un des plus répandus. À toutes les époques l’aventure de l’ingénieux roi d’Ithaque a fourni de précieuses occasions pour réfléchir sur le savoir, sur l’exploration de l’inconnu, sur la capacité de défier les limites, sur la confrontation avec le divin, sur le hostos (le retour), sur la rencontre de l’ “autre”. Dans un magnifique poème de 1911, Cavafy se taille un espace bien à lui, en mettant en relief un aspect important de l’expérience humaine. Ce qui compte, ce n’est pas la destination (le retour dans l’île tant désirée), mais le voyage que nous devons effectuer pour y parvenir. Voilà pourquoi il ne faut pas être pressé :

Lorsque tu te mettras en route pour Ithaque,

souhaite que le chemin soit long,

plein d’aventures.

Il ne faut surtout pas craindre “les Lestrygons et les Cyclopes” :

les Lestrygons et les Cyclopes, […]

ne les crains pas ;

car de rencontres telles, tu n’en feras jamais sur ton chemin,

si ta pensée reste élevée, si un sentiment

rare anime ton esprit et ton corps.

Car les véritables monstres sont ceux que nous portons en nous-mêmes (“Les Lestrygons et les Cyclopes […] / […], tu ne les rencontreras pas / si tu ne les portes dans ton âme”). Ainsi devons-nous souhaiter que la route soit longue (“Souhaite que le chemin soit long / […] [de sorte que] tu entreras dans les ports que tu verras pour la première fois”). Chaque étape nous permettra alors de nous procurer des marchandises raffinées (“d’acquérir la bonne marchandise”) et d’embrasser d’ “antiques” savoirs (“rends-toi dans maintes villes égyptiennes, / apprends, apprends sans cesse auprès des sages”). Et c’est seulement arrivés à Ithaque que nous comprendrons à quel point nous sommes plus riches lorsque nous y retournons (“riche de ce que tu auras gagné sur ton chemin”). Peu importe qu’en elle-même Ithaque soit “pauvre” et ne nous offre rien (“sans espérer qu’Ithaque t’offre des richesses”) : Ithaque nous a “donné le beau voyage”. Et c’est en voyageant que nous nous sommes enrichis (et qu’on est “devenu sage, riche de tant d’expérience”). Ainsi, pour “comprendre ce que les ‘Ithaques’ signifient”, il ne faut pas penser à la destination, mais aux expériences qu’on a vécues pour l’atteindre.

3 juillet 2015

Extrait des pages 167 à 169.

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Connaissez-vous Constantin Cavafy ?

Il était Grec mais vivait en Égypte, et c’est pourquoi ces deux pays se sont récemment unis pour organiser un colloque sur son œuvre, qui a eu lieu du 15 au 17 octobre 2017 au Caire et à Alexandrie. Si je vous en parle, c’est d’abord pour vous présenter Constantin Cavafy, et c’est ensuite pour signaler l’existence de ce colloque qui a réuni les deux rives de la Méditerranée pour lui rendre hommage.

Qui était Cavafy ?

Né et mort à Alexandrie, Constantin Cavafy (1863-1933) fut l’un des plus grands poètes grecs du XXe siècle. Selon Wikipédia, après une enfance passée en partie à Liverpool, en Angleterre, Constantin Cavafy a passé la majeure partie de sa vie en Égypte. Il n’a publié aucun recueil de son vivant, ses poèmes étant soit parus dans des revues, soient imprimés par l’auteur lui-même et circulaient entre ses amis. Ce n’est qu’après sa mort que son œuvre a été reconnue, notamment par Marguerite Yourcenar qui a traduit ses poèmes.

Wikipédia précise également que l’originalité de sa poésie tient en partie à la langue même de Cavafy, qui de par son appartenance à la diaspora grecque, usait d’une langue plus archaïque et musicale que le grec moderne standard.

Un poème de Cavafy

Je remercie le professeur Patrick Quillier, qui enseigne actuellement l’œuvre de Cavafy à l’Université de Nice, de m’avoir transmis plusieurs poèmes que je puisse citer, dont plusieurs en langue grecque et un en langue française, intitulé « Dans l’escalier ». Le voici, dans la traduction de Gilles Ortlieb et Pierre Leyris :

« Comme je descendais l’escalier mal famé
tu entrais par la porte et, pour une seconde,
j’ai vu ton visage inconnu et tu as vu le mien.
Là-dessus, je me suis caché, fuyant ton regard, et toi
tu es passé rapidement, en dissimulant ton visage,
puis tu t’es faufilé dans la maison mal famée
où tu n’as pas dû trouver plus de plaisir que moi-même.

Et pourtant l’amour que tu voulais, j’aurais pu te le donner ;
l’amour que je voulais
— tes yeux las qui savaient l’ont dit — tu aurais pu me le donner.

Nos corps se sont sentis, ils se cherchaient.
Notre sang et notre peau se sont compris.

Mais nous nous sommes cachés l’un de l’autre, troublés. »

Ce poème de treize vers — presque un sonnet… — fait immédiatement penser au fameux « Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais » de Baudelaire. Il s’agit, là aussi, d’une rencontre fulgurante, qui produit un effet tout aussi intense que bref, mais qui n’a de suites que dans l’imaginaire. On retrouve le même croisement des pronoms « je » et « tu », mais, contrairement au sonnet de Baudelaire, il y a ici un « nous » par lequel le poète donne de la réalité à cet accord mutuel qui s’est passé de mots. C’est en effet par le langage silencieux du « corps », du « sang » et de la « peau » que les deux êtres ont communiqué. On notera le nombre important de parallélismes qui soulignent la réciprocité des gestes et des attitudes tout au long du poème : « j’ai vu » / « tu as vu » ; « je me suis caché » / « tu es passé » ; « fuyant ton regard » / « en dissimulant ton visage », etc. C’est ainsi que l’ensemble du poème dit à la fois le caractère unique de la rencontre, et, simultanément, son échec.

Les accords au masculin montrent que ce poème était adressé à un homme. De fait, ce poème fait partie des « poèmes homosexuels de Cavafis », comme le précise Patrick Quillier, qui ajoute qu’une autre partie de ses poèmes est « marquée au sceau du genre de la petite épopée, ou épyllion ». Le trouble ressenti par les deux protagonistes correspond cependant à un immédiat « coup de foudre » dans lequel tout lecteur peut se reconnaître.

Un colloque en Égypte

La Grèce et l’Égypte se sont associées pour organiser ce colloque qui s’est tenu récemment à Alexandrie, loin des projecteurs médiatiques. Selon Patrick Quillier, « Cavafeia 2017 est une initiative gréco-égyptienne qui vise à mettre en évidence l’actualité et la dimension œcuménique de la poésie du grand poète de la diaspora grecque. » Cet événement a été organisé par « la Bibliothèque d’Alexandrie, les Ministères de la Culture de Grèce et d’Égypte, l’Opéra du Caire et le Centre culturel grec du Caire« . On peut saluer cette belle initiative qui a réuni les deux rives de la Méditerranée dans une même passion pour le savoir, la culture, la littérature et la poésie.


Constantin Cavafy ou Cavafis, connu aussi comme Konstantinos Petrou Kavafis, ou Kavaphes (en grec Κωνσταντίνος Πέτρου Καβάφης), est un poète grec né à Alexandrie en Égypte le 29 avril 1863. Il est mort dans la même ville, en 1933, le jour même de son 70e anniversaire.

Très peu connu de son vivant, il est désormais considéré comme une des figures les plus importantes de la littérature du XXe siècle. Il fut fonctionnaire au ministère des travaux publics d'Alexandrie, journaliste, et courtier à la Bourse d'Alexandrie.

Constantin Cavafy est le septième des neuf enfants de Petros Kavafis, négociant en import-export de textiles et coton, et de Hariklia Photiadis, fille de diamantaire, tout deux originaires de Constantinople et installés à Alexandrie. Son père décède en 1870 et la famille s'installe alors en Grande-Bretagne, à Liverpool. Ces années passées en Grande-Bretagne le marquent profondément et ses écrits dénotent une grande familiarité avec la tradition poétique anglaise, particulièrement Shakespeare, Browning et Wilde. Sa langue maternelle reste teintée d'une pointe d'accent anglais jusqu'à la fin de ses jours.


À la suite de spéculations hasardeuses, la famille se retrouve ruinée et retourne vers 1879 à Alexandrie, puis, anticipant les émeutes de 1882 qui allaient précipiter la guerre Anglo-Égyptienne, les Cavafy quittent à nouveau cette ville pour Constantinople. Constantin Cavafy y vit trois ans, dans une certaine précarité ; c'est durant cette période que vraisemblablement il a ses premières relations homosexuelles et qu'il rédige ses premiers vers, en anglais, en français et en grec. Il envisage un temps d'embrasser une carrière politique puis, de retour à Alexandrie en 1885, travaille pour le journal Telegraphos et comme assistant d'un de ses frères à la Bourse d'Alexandrie. Durant cette période, son ambition demeure cependant l'écriture et il poursuit la rédaction de poèmes et d'essais.

En 1892, à 29 ans, il entre au Service de l'Irrigation du ministère des Travaux publics, administration dans laquelle il accomplit toute sa carrière, finissant directeur-adjoint. Également courtier à la Bourse d'Alexandrie à partir de 1894, il mène par la suite une existence confortable en compagnie de sa mère jusqu'au décès de celle-ci, en 1899. Il passe le reste de sa vie à Alexandrie, se rendant régulièrement en Grèce, et y meurt d'un cancer du larynx en 1933.

Cavafy a beaucoup voyagé en Angleterre, en France (où il a résidé) et en Grèce. S'il eut une petite notoriété au sein de la communauté grecque d'Alexandrie et quelques amitiés dans les cercles littéraires (il fut en relation pendant plus de vingt ans avec Edward Morgan Forster), pendant longtemps son œuvre resta inconnue au grand public. Quoiqu'il ait rencontré de nombreux hommes de lettres grecs lors de ses nombreux déplacements à Athènes, il n'eut pas de réelle reconnaissance de ses pairs, probablement à cause d'un abord déroutant de la poésie pour l'époque. Un peu de lumière est portée sur son œuvre par la publication, le 30 novembre 1903, dans la revue Panathinaia, de l’article historique de Xenopoulos sur Cavafy, intitulé « Un poète ». Ce n'est que près de vingt ans plus tard, au lendemain de la défaite grecque à l'issue de la guerre gréco-turque, qu'une nouvelle génération de poètes grecs de tendance nihiliste, tels Kostas Karyotakis, puisent leur inspiration dans son œuvre.

Il n'a publié aucun recueil de son vivant, donnant des poèmes à des revues littéraires ou les faisant circuler auprès de quelques amis sous forme de feuillets et de brochures auto-édités. En outre il remaniait sans cesse ses textes, et en détruisait beaucoup, en particulier pour ses œuvres de jeunesse. Ainsi, l'essentiel de son œuvre a été composé après son quarantième anniversaire. Cavafy a publié 154 poèmes, auxquels on peut en ajouter 75 restés inédits jusqu’en 1968, et 27 autres qu’il avait publiés entre 1886 et 1898 mais reniés par la suite.

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Constantin Cavafy

Constantin Cavafy
Κωνσταντίνος Καβάφης
Description de cette image, également commentée ci-après
Cavafy, vers 1900 à Alexandrie
Nom de naissanceKonstantinos Petrou Kavafis
Naissance
Alexandrie,
Flag of the Ottoman Empire (also used in Egypt).svg Égypte ottomane
Décès (à 70 ans)
Alexandrie,
 Royaume d'Égypte
Activité principalePoète
Auteur
Langue d’écrituregrec moderne

Constantin Cavafy ou Cavafis, connu aussi comme Konstantinos Petrou Kavafis, ou Kavaphes (en grec Κωνσταντίνος Πέτρου Καβάφης), est un poète grec né le  à Alexandrie en Égypte et mort le  dans la même ville.

Très peu connu de son vivant, il est désormais considéré comme une des figures les plus importantes de la littérature grecque du xxe siècle. Il fut fonctionnaire au ministère des travaux publics d'Alexandrie, journaliste et courtier à la bourse d'Alexandrie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Constantin Cavafy est le dernier des neuf enfants de Petros Kavafis, négociant en import-export de textiles et coton, et de Hariklia Photiadis, fille de diamantaire, tous deux originaires de Constantinople et installés à Alexandrie. Son père décède en 1870 et la famille s'installe alors en Grande-Bretagne, à Liverpool. Ces années passées en Grande-Bretagne le marquent profondément et ses écrits dénotent une grande familiarité avec la tradition poétique anglaise, particulièrement ShakespeareBrowning et Wilde. Sa langue maternelle reste teintée d'une pointe d'accent anglais jusqu'à la fin de ses jours.

La Bourse d'Alexandrie vers 1900.

À la suite de spéculations hasardeuses, la famille se retrouve ruinée et retourne vers 1879 à Alexandrie, puis, anticipant les émeutes de 1882 qui allaient précipiter la guerre anglo-égyptienne, les Cavafy quittent à nouveau cette ville pour Constantinople. Constantin Cavafy y vit trois ans, dans une certaine précarité ; c'est durant cette période que vraisemblablement il a ses premières relations homosexuelles et qu'il rédige ses premiers vers, en anglais, en français et en grec. Il envisage un temps d'embrasser une carrière politique puis, de retour à Alexandrie en 1885, travaille pour le journal Telegraphos et comme assistant d'un de ses frères à la Bourse d'Alexandrie. Durant cette période, son ambition demeure cependant l'écriture et il poursuit la rédaction de poèmes et d'essais.

En 1892, à 29 ans, il entre au Service de l'Irrigation du ministère des Travaux publics, administration dans laquelle il accomplit toute sa carrière, finissant directeur-adjoint. Également courtier à la Bourse d'Alexandrie à partir de 1894, il mène par la suite une existence confortable en compagnie de sa mère jusqu'au décès de celle-ci, en 1899. En 1922 il se retire et passe le reste de sa vie à Alexandrie, se consacrant exclusivement à son œuvre et se rendant régulièrement en Grèce ; vers 1930, déjà célèbre mais malade, il habite un médiocre hôtel d'Athènes, place Omónia, où il reçoit de jeunes admirateurs ; c'est à Alexandrie qu'il meurt d'un cancer du larynx en 19331le jour même de son 70e anniversaire.

Cavafy a beaucoup voyagé en Angleterre, en France (où il a résidé) et en Grèce. S'il eut une petite notoriété au sein de la communauté grecque d'Alexandrie et quelques amitiés dans les cercles littéraires (il fut en relation pendant plus de vingt ans avec Edward Morgan Forster), pendant longtemps son œuvre resta inconnue du grand public. Quoiqu'il ait rencontré de nombreux hommes de lettres grecs lors de ses nombreux déplacements à Athènes, il n'eut pas de réelle reconnaissance de ses pairs, probablement à cause d'un abord déroutant de sa poésie pour l'époque. Un peu de lumière est portée sur son œuvre par la publication, le , dans la revue Panathinaia (el), de l’article historique de Grigórios Xenópoulos sur Cavafy, intitulé « Un poète ». Ce n'est que près de vingt ans plus tard, au lendemain de la défaite grecque à l'issue de la guerre gréco-turque, qu'une nouvelle génération de poètes grecs de tendance nihiliste, tels Kóstas Karyotákis, puisent leur inspiration dans son œuvre.

Il n'a publié aucun recueil de son vivant, donnant des poèmes à des revues littéraires ou les faisant circuler auprès de quelques amis sous forme de feuillets et de brochures auto-édités. En outre il remaniait sans cesse ses textes, et en détruisait beaucoup, en particulier pour ses œuvres de jeunesse. Ainsi, l'essentiel de son œuvre a été composé après son quarantième anniversaire. Cavafy a publié 154 poèmes, auxquels on peut en ajouter 75 restés inédits jusqu’en 1968, et 27 autres qu’il avait publiés entre 1886 et 1898 mais reniés par la suite.

Il est un des poètes les plus célèbres de la Grèce moderne. Et comme Marguerite Yourcenar note dans la préface de sa traduction des poèmes de Cavafy, « c'est aussi l'un des plus grands, le plus subtil en tout cas, le plus neuf peut-être, le plus nourri pourtant de l'inépuisable substance du passé2. »

Poème autographe de Cavafy : « Outos Ekeinos » (« Voilà l'homme ») - 1909.

Selon Marguerite Yourcenar, « il s'était reconnu de bonne heure une vocation de poète, mais ne garda de sa production d'avant la cinquantième année qu'un petit nombre de poèmes, dont quelques-uns seulement comptent parmi ses chefs-d'œuvre [...]. Cavafy n'a guère laissé circuler de son vivant que quelques rares poèmes insérés çà et là dans des revues ; sa gloire, venue peu à peu, s'alimenta de feuilles volantes distribuées chichement à des amis ou à des disciples ; cette poésie qui étonne à première vue par son détachement, son impersonnalité presque, demeura donc en quelque sorte secrète jusqu'au bout, susceptible dans toutes ses parties d'enrichissements et de retouches, bénéficiaire de l'expérience du poète jusqu'à sa mort. Et c'est seulement vers la fin qu'il a exprimé à peu près ouvertement ses hantises les plus personnelles, les émotions et les souvenirs qui de tout temps, mais de façon plus vague et plus voilée, avaient inspiré et sustenté son œuvre 3. »

L'originalité de ce poète réside dans le fait qu'il sut de manière incomparable dépasser la manière du Parnasse et tracer en premier la voie de la modernité en Grèce, malgré la critique et même la polémique de ses contemporains. De prime abord sa poésie frappe par la musicalité de sa langue, qui est celle des anciennes colonies grecques, mêlée à des éléments linguistiques archaïques remontant même jusqu'à Homère. Or son apport créateur repose d'abord sur l'utilisation d'une langue singulière, mais qui garde la fraîcheur de son passé, déridée et resplendissante. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le poète sut redonner vie à des mots à jamais péris, mais qui, semble-t-il, avaient toujours droit de cité à la périphérie coloniale grecque et dans la diaspora.

Le recours à la mémoire est en second lieu l'aspect reconnaissable de la poésie de Cavafy. Il puise dans le passé ses thèmes choisis selon une technique jusqu'alors inconnue, en évacuant les contenus des mythes, pour ne garder que les noms. Il restructure ensuite ses propres mythes, en simulant une plongée dans l'histoire de la Grèce. Cette technique place la fiction du poète dans le voisinage des mythes que la tragédie ancienne put forger, éloignée du vécu historique. Les thèmes les plus marginaux, les détails que l'histoire laisse de côté, l'insoupçonnable impression d'une rencontre, l'intimité d'une pensée furtive et les regards, attendris et émus sur le corps humain, tel est son matériel de prédilection. Loin du sentimentalisme, il érige un univers dans lequel l'homme éprouve sa « corporéité » à l'échelle de l'éternité. C'est encore Yourcenar qui conclut : « La réminiscence charnelle a fait de l'artiste le maître du temps ; sa fidélité à l'expérience sensuelle aboutit à une théorie de l'immortalité 4. »

Selon Michel Volkovitch : « Cavàfis est l'anti-Rimbaud : son développement fut progressif et lent. Ses premiers poèmes sont écrits à l'ombre des Parnassiens, de Baudelaire, des Symbolistes, de Browning ; il ne devient pleinement lui-même qu'aux abords de la quarantaine — un peu comme Proust, son contemporain. Il publie peu et comme à regret, retravaillant certains poèmes inlassablement pendant des années. Il ne verra pas la première édition d'ensemble de son œuvre, parue peu après sa mort 5. »

Œuvres[modifier | modifier le code]

Autour de Cavafy[modifier | modifier le code]

  • Cavafy, film biographique de Yánnis Smaragdís, Grèce, 1996, Accattone distribution, Visa : 94406
  • La chanson Alexandra Leaving de Leonard Cohen est inspirée du poème Le dieu a abandonné Antoine.
  • La longue chanson en catalan Viatge a Itaca (Voyage à Ithaque) de Lluís Llach est adaptée de Cavafy.
  • Ce qui reste de la nuit, roman d'Ersi Sotiropoulos (Stock, 2016), raconte trois jours que Cavafy a passés à Paris en 1897.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1.  Yourcenar 1958p. 11-13.
  2.  Yourcenar 1958p. 7.
  3.  Yourcenar 1958p. 7 et 8.
  4.  Yourcenar 1958p. 45.
  5.  Constantin Cavàfis, Tous les poèmes, Paris, Le miel des anges, , 360 p. (979-10-93103-16-7), Postface

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Études sur Cavafy[modifier | modifier le code]

  • Marguerite YourcenarPrésentation critique de Constantin Cavafy, 1863-1933 : suivie d'une traduction intégrale de ses poèmes, par Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras, Paris, Gallimard (réimpr. 1978 et 1994), 294 p.
  • Georges Papadakis, Destin et anamnèse, essai de lecture de la poésie de C. Cavafy, Thèse de Doctorat, Strasbourg, 1987
  • Edmund Keeley and Philip Sherrard, C.P. Cavafy Collected Poems, Chatto & Windus Ltd., London 1998
  • Halbo Kool (nl)Constantin Cavafy, la rue Chérif Pacha est ma nièce, éditions Marguerite Waknine, Angoulême 2013, (ISBN 978-2-916694-60-3)
  • Pierre Jacquemin, Constantin P. Cavafy, De l'Obscurité à la Lumière ou l'Art de l’ÉvocationRiveneuve éditions, Paris, 2009, 318 pages, (ISBN 978-2-914214-93-3)
  • Pierre Jacquemin, Constantin Cavafy, Eros, Thanatos, Hypnos, Poèmes érotiquesRiveneuve éditions, Paris, 2011, 208 pages, (ISBN 978-2-36013-037-5)
  • Edward Morgan ForsterPharos et Pharillon : une évocation d’Alexandrie, trad. de l’anglais par Claude Blanc, Paris, Quai Voltaire, 1991, (ISBN 2-87653-100-3)
  • Lawrence DurrellLe Quatuor d'Alexandrie.
  • (el) Ο επικούρειος ποιητής Κ. Π. Καβάφης ["Le poète épicurien C. P. Cavafis"], Aspasia Papadoperaki (el), Éditions Sima, Athènes, , 96 pages, (ISBN 978-960-89506-9-6)
  • (el) Η μορφή του Κ.Π. Καβάφη, introduction Georges Ioannou (el), Aspasia Papadoperaki, Éditions Makedos, 1987, 130 pages ; 2e édition Athènes 2003, Éditions Papasotiriou.
  • Yves LeclairSur le billet retour à Ithaque de Cavafy, in La Nouvelle Revue Françaiseno 570, éditions Gallimard, Paris, 

Articles connexes[modifier | modifier le code]

  • Constantin Dimaras
  • Marguerite Yourcenar
  • ==========

  • Spre Ithaca
  • poezie [ ]

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  • de Konstantinos Kavafis [Konstantinos_Kavafis ]

  • 2008-12-28  |     |  Înscris în bibliotecă de Darie Ducan



  • Cand vei pleca înspre Itaca
  • fie-ți lunga călătorie
  • plină de aventuri , plină de învățaminte
  • Nu te teme de Lestrigoni si de Ciclopi, nici de furiosul Poseidon;
  • Nu-i vei întâlni în drumul tău dacă
  • te vei înălța cu gândul, dacă simțirea-ți
  • nicicând nu îți va părăsi trupul ți sufletul.
  • Lestrigoni si Ciclopi, nici furiosul Poseidon
  • nu îti vor ieși în cale
  • dacă tu însuți nu-i vei purta cu tine-n suflet,
  • dacă nu-ți vei așeza sufletul înaintea pașilor lor.
  • Sper ca drumul sa-ți fie lung,
  • fie-ți multe diminețile de vară,
  • Iar plăcerea de a zări primele porturi
  • să-ți aducă o bucurie de nespus.
  • Încearcă să vizitezi emporiul Feniciei
  • culege tot ce e mai bun.
  • Du-te în orașele Egiptului
  • învață cu un popor ce are atâtea să te-nvețe.
  • Nu pierde Itaca din vedere,
  • căci ținta ta e să ajungi acolo.
  • Dar nu-ți grăbi pasii;
  • e mai bine calatoria-ți să dureze ani,
  • iar corabia-ți să ancoreze pe insulă
  • cand te vei fi-mbogațit deja
  • cu tot ce ai cunoscut pe drum.
  • Nu aștepta ca Itaca să-ți dea alte bogatii.
  • Itaca ți-a dăruit deja o călătorie minunată;
  • fără Itaca , niciodată nu ai fi plecat.
  • Þi-a dăruit deja totul și nimic nu mai are de dat.
  • Și dacă la sfârșit vei crede că Itaca e săracă,
  • să nu gândești că te-a înșelat
  • pentru ca vei fi devenit un înțelept, vei fi trăit o viață plină,
  • și acesta este înțelesul Itacăi.

Simon Sebag Montefiore